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Leur société
Féminicides : les larmes de crocodile n’arrêtent pas l’hécatombe
En moins d’une semaine, à quelques jours de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, cinq femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.

Le bilan officiel s’élève désormais à 88 victimes en France pour l’année 2025. En 2024, 107 femmes ont été ainsi assassinées et, selon une étude interministérielle publiée le 20 novembre, 1 283 ont été victimes de tentatives de féminicide directes ou indirectes, en incluant les suicides provoqués par les violences et le harcèlement.
D’année en année, les mêmes constats et les mêmes drames se répètent. Les gouvernements n’ont pourtant pas été avares de promesses : en 2017, Macron avait fait de l’égalité entre femmes et hommes une « grande cause nationale » ; en 2019, il organisait un « Grenelle des violences conjugales ». Enfin, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, prépare une nouvelle loi-cadre.
Mais les moyens nécessaires ne serait-ce qu’à faire face à l’urgence ne sont jamais sortis de telles proclamations. Selon les associations, au moins 2,6 milliards d’euros seraient nécessaires pour accompagner les femmes victimes de violence qui portent plainte, alors qu’en 2025, l’État n’a consacré que 282 millions en tout à la lutte contre les violences faites aux femmes. Il faut aujourd’hui entre trois et quatre semaines pour obtenir une première consultation dans une des associations partenaires du 3919, le numéro d’appel d’urgence pour les femmes en danger.
Et combien de femmes ne sollicitent même pas les associations et renoncent à se mettre à l’abri, car elles sont découragées par les difficultés financières, n’ont pas les moyens de payer un loyer, une caution ou une garde d’enfant ?
Les pouvoirs publics tentent de masquer leur incurie en faisant des campagnes de sensibilisation qui ne coûtent pas cher, comme si ces violences étaient seulement un problème d’éducation individuelle. Or les violences au sein du couple ne sortent pas de nulle part, mais sont le produit extrême des rapports inégalitaires entre femmes et hommes que l’organisation sociale maintient, quand elle ne les aggrave pas. Individualisme, culte de la domination, esprit hiérarchique, stéréotypes sexistes nourris par les inégalités au travail, par la publicité, par les comportements de certains responsables politiques ou économiques, toutes ces tares de la société bourgeoise banalisent le mépris pour les femmes. Si les hommes qui frappent, voire tuent, sont minoritaires, leurs actes plongent leurs racines dans l’ensemble de la société.
De même qu’il a fallu bien des combats pour obtenir des droits élémentaires, comme l’indépendance juridique par rapport au père ou au mari, et le droit à la contraception et à l’avortement, seules de fortes mobilisations pourront arracher les moyens d’assurer la protection immédiate des victimes. C’est ce qu’ont affirmé les dizaines de milliers de manifestantes et manifestants qui se sont rassemblés samedi 22 novembre dans de nombreuses villes du pays. Mais on ne viendra à bout du sexisme et de ses conséquences dramatiques qu’en s’attaquant à ce qui les rend possibles. Cela fait partie intégrante du combat que les travailleuses et les travailleurs ont à mener contre l’exploitation capitaliste et toutes les oppressions qu’elle engendre.