Guerre de 14-18 : l’épuration ethnique en Alsace-Moselle19/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2990-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Guerre de 14-18 : l’épuration ethnique en Alsace-Moselle

Alors que les cérémonies du 11-Novembre ont exalté l’armistice signé en 1918 aux couleurs du drapeau bleu-blanc-rouge, il faut rappeler que la fin de la Première Guerre mondiale a donné lieu à une véritable épuration ethnique dans ce qu’on appelait l’Alsace- Lorraine.

Il s’agissait de l’ensemble des territoires annexés par l’Empire allemand en 1871, correspondant aux actuels départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Le retour à la France de ces territoires fut douloureux pour toute une partie de la population. Tandis que, depuis 1871, beaucoup avaient émigré en France, de nombreux Allemands les avaient remplacés et, en 57 ans, de nombreux couples mixtes s’étaient constitués.

Les sentiments de cette population mélangée n’étaient pas le souci des autorités françaises. Un arrêté du 14 décembre 1918 divisa les habitants d’Alsace-Lorraine en quatre catégories, auxquelles correspondaient quatre cartes déterminant les droits de circulation de chacun. La carte A, donnée aux personnes nées de père et de mère français, permettait de circuler dans toute l’Alsace-Lorraine. La carte B fut attribuée à ceux qui ne pouvaient se prévaloir que d’un parent « français de souche », et la carte C, destinée aux étrangers n’étant pas des ressortissants de l’Allemagne ou de l’Autriche, ne permettait à ses porteurs que de circuler à proximité de leur ville de résidence. Quant à la carte D, destinée aux citoyens d’origine allemande, elle leur interdisait toute circulation en dehors de leur ville. Les titulaires de cette carte D, mais aussi des Alsaciens « de souche », considérés comme peu sûrs « du point de vue national », allaient être massivement expulsés d’Alsace- Lorraine vers l’Allemagne.

Cette expulsion concerna des dizaines de milliers de personnes, sans doute plus de 200 000. Pourtant, la convention d’armistice signée le 11 novembre par le gouvernement français stipulait dans son article 6 que « dans tous les territoires évacués par l’ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants ». Ces expulsions n’en furent pas moins expéditives, allant jusqu’à séparer des familles dont un parent était « français de souche », l’autre « allemand de souche ».

Par ailleurs, dès la fin de la guerre, en Alsace- Moselle, la monnaie en vigueur qui était le Reichsmark fut remplacée par le franc. Le taux de conversion ne fut pas le même pour tous : les détenteurs de la carte A (Français de souche) recevaient 1,25 franc pour 1 Mark et ceux ayant une carte D (Allemands de souche) seulement 60 centimes !

Entre 1871 et 1914, la question du destin de l’Alsace-Lorraine avait été un grand sujet pour la propagande patriotique. Pour la population, il entraîna bien des souffrances.

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