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Hôpitaux : le virus du sous-financement
L’épidémie de grippe A continue de s’étendre et la tension, habituelle dans les services hospitaliers, s’accroît encore au point que le « plan blanc » a été déclenché depuis le 10 janvier dans 87 hôpitaux du pays.
En principe destiné à répondre à des tensions hospitalières et à des situations sanitaires exceptionnelles, le plan blanc permet aux directeurs d’hôpital de réorganiser des services, de différer des interventions chirurgicales programmées et de rappeler le personnel absent ou en repos. Certes, certains directeurs d’hôpital, comme celui de la Drôme nord, font allusion à une « situation inédite hors Covid », et Santé publique France mentionne « deux fois plus d’hospitalisations [suite à la grippe] que les années classiques » et, dans la première semaine de l’année 2025, 6 % de décès liés au virus grippal contre 3,9 % la semaine précédente. Si certaines statistiques semblent indiquer que le pic épidémique a été atteint en Île-de-France, première région touchée, il est loin de l’être dans d’autres régions.
Due à un virus saisonnier, la vague actuelle de grippe met en évidence un autre virus, permanent celui-là, le manque de financement des structures hospitalières et ses conséquences pour les malades et le personnel. À Nantes, un militant syndical signalait que « ces derniers jours, on avait des personnes âgées de plus de 86 ans qui ont attendu plus de 90 heures avant d’avoir un lit. C’est inacceptable avec cette notion de perte de chance derrière... » Les risques de mort liés à cette situation et aux délais supplémentaires dans la prise en charge ne sont pas négligeables. À l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, en région parisienne, le personnel des urgences, ulcéré d’avoir à mettre « les patients en danger et les soignants en difficulté », a fait onze jours de grève pour obtenir 14 postes supplémentaires.
Les chiffres sont là : 43 500 lits d’hospitalisation complète ont été supprimés en dix ans, dont 4 900 rien qu’en 2023, tempérés par la création de 20 900 lits d’hospitalisation partielle. La raison tient sans doute en partie aux changements de pratiques chirurgicales, mais surtout, et le scandale est là, aux économies budgétaires. Ce sont elles qui provoquent un manque criant de personnel soignant, infirmières, aides-soignantes, agents de service hospitalier, mais aussi dans l’ensemble des salariés des corps de métier qui font fonctionner l’hôpital. Et si le volet santé du plan de financement 2025 reste en l’état, tant l’objectif gouvernemental d’économies prime sur celui de la santé publique, le personnel de santé et les patients devront se mobiliser pour défendre ce à quoi ils ont droit.