Israël-Gaza : un cessez-le-feu entre deux guerres22/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2947-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Gaza : un cessez-le-feu entre deux guerres

Le cessez-le-feu entré en vigueur le dimanche 19 janvier a été salué, tant chez les Palestiniens ayant survécu au milieu des ruines de Gaza que chez les familles d’otages rassemblées à Tel Aviv, par des cris de joie et l’espoir qu’il soit plus durable que le précédent.

Cet accord, signé à Doha sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et surtout des États-Unis, prévoit dans une première phase de six semaines, une série d’échanges de prisonniers et le retrait partiel de l’armée israélienne du centre de l’enclave. Le premier jour de la trêve, trois jeunes femmes israéliennes otages du Hamas ont été échangées contre 90 Palestiniens prisonniers en Israël, la plupart arrêtés après le 7 octobre 2023 et détenus sans jugement. Des centaines de camions de ravitaillement, jusque-là bloqués par Israël, ont pu entrer dans Gaza affamée. Une deuxième phase verrait la libération des derniers otages israéliens, dont les soldats, contre d’autres prisonniers palestiniens, tandis que l’armée israélienne est supposée se retirer complètement de la bande de Gaza. Une troisième phase, très hypothétique, envisage la reconstruction de l’enclave, réduite à un champ de ruines.

Obtenu après quinze mois de destructions et au moins 50 000 morts palestiniens ce cessez-le-feu aurait pu être signé huit mois plus tôt, épargnant autant de souffrances. En mai 2024, Netanyahou avait refusé de signer un accord aux clauses identiques car il voulait prolonger cette guerre, dont il a profité pour intensifier la colonisation en Cisjordanie et continuer à détruire Gaza tout en conservant le pouvoir à la tête d’Israël grâce à ses alliés d’extrême droite. Après avoir porté la guerre au Liban, bombardé le Yémen et la Syrie, affaibli l’Iran, Netanyahou a fini par signer ce cessez-le-feu, sous la pression de Trump qui arrive à la Maison Blanche en promettant, sans rire, d’apporter la paix dans le monde.

Aucune paix ne sera possible tant qu’Israël écrasera la population palestinienne. Lancé dans une fuite en avant guerrière, Netanyahou répète que le cessez-le-feu est provisoire et menace de reprendre les bombardements dès la fin de la première phase, ce qu’exigent ses alliés d’extrême droite. L’un d’eux, Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale, a d’ailleurs démissionné du gouvernement pour peser dans ce sens.

Netanyahou avait clamé que l’éradication du Hamas constituait un des buts de la guerre à Gaza. Mais si le Hamas, cet appareil politico-militaire qui encadre les Gazaouis d’une main de fer depuis 2007, a été décapité et affaibli, il n’a pas disparu, loin de là. Il a d’ailleurs voulu le prouver en diffusant des images sur lesquelles ses combattants et ses policiers encadrent les otages libérés. Antony Blinken, secrétaire d’État de Biden, le reconnaît : « Nous estimons que le Hamas a recruté presque autant de nouveaux militants qu’il en a perdus » car « le refus israélien d’envisager une solution politique est la recette d’une insurrection résistante et d’une guerre perpétuelle ». Autrement dit, les dirigeants de l’impérialisme américain sont parfaitement conscients que l’oppression permanente exercée par Israël engendre une armée de jeunes Palestiniens révoltés, prêts à reprendre le combat à la première occasion.

Cette lucidité n’empêchera pas l’État américain de continuer à apporter un soutien inconditionnel à Netanyahou car l’État qu’il dirige est le principal gendarme de l’impérialisme au Moyen-Orient.

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