Mardi 19 mars, Darmanin a visité Airbus Helicopters à Marignane. Des chefs de l’entreprise et de la sous-traitance étaient passés la veille dans les bureaux et ateliers pour demander à tout le monde d’aller assister au discours du ministre.

Il fallait, paraît- il, « montrer du monde », et en particulier… des femmes. En revanche, les sous-traitants avaient interdiction d’afficher un signe de leur entreprise. Les chefs ont donc prêté en priorité des vestes à l’insigne Airbus aux femmes sous-traitantes : ce qui est d’habitude interdit était ce jour-là la consigne. Mais le vrai motif de la venue de Darmanin était une commande massive d’hélicoptères H160 destinée à sa police, commande qui semble garantir l’emploi pour la période à venir. Ajouté à la pause dans le travail, cela promettait à Darmanin un succès facile.

Après Airbus, le ministre de l’Intérieur, cette fois flanqué de Macron, est aussi allé visiter la cité de la Castellane à Marseille, très pauvre et minée par le trafic de drogue, accompagné d’un grand renfort de policiers et de gendarmes. Cela a été l’occasion de nombreuses déclarations et promesses de lutte contre les trafics et les trafiquants. Ce sont des discours qui ne coûtent pas cher, et font partie de la campagne électorale. De là à faire fonctionner les services publics, réparer les ascenseurs et procurer du travail aux uns et aux autres, il y a loin.

Après le départ de Darmanin et Macron, en début de nuit, un hélicoptère a tourné longuement au-dessus de la cité de la Castellane, et a recommencé le lendemain. Ce ne peut évidemment pas être efficace contre le trafic de drogue. D’ailleurs, dès le départ des policiers, les dealers étaient de retour et en informaient leurs clients par textos. Tout au plus était-ce une démonstration de force pour impressionner la population du quartier : un avant-goût de ce à quoi serviront les appareils Airbus.