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- Lutte ouvrière n°2989
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Dans les entreprises
Michelin – Cholet : derrière leur “plan de reclassement” exemplaire...
Il y a un an, le 5 novembre 2024, Michelin annonçait la fermeture de ses usines de Cholet et Vannes. Les derniers salariés sont en train d’être licenciés. Mais il n’y aurait pas d’inquiétude à avoir, à en croire les communicants du groupe, qui vantent dans les médias un « plan de reclassement » exemplaire...
D’après leurs chiffres, celui-ci garantirait déjà à plus d’un licencié sur deux « une solution pérenne » et, selon le directeur de l’usine de Cholet, « les salariés auront de belles histoires de rebond à raconter ». Il parle sans doute de son propre cas, puisqu’il vient d’ajouter une ligne à son CV en menant à bien le licenciement de 950 travailleurs. Pour les ouvriers et les employés, c’est une autre histoire.
Le vocabulaire patronal est riche en euphémismes. Selon la direction, 89 salariés ont « choisi la mobilité interne ». Concrètement, cela veut dire déménager à 300, 400 ou 500 kilomètres de chez soi pour aller se faire exploiter dans les autres usines du groupe, à Bourges, Clermont- Ferrand, Roanne ou Montceau-les-Mines. Et pour enjoliver les licenciements, Michelin parle de « mobilité externe » : elle concerne plus de 730 travailleurs. Si Michelin se félicite de ce que 250 d’entre eux ont signé un CDI, les deux tiers ne savent pas encore qui va payer leur salaire l’année prochaine.
Même pour ceux qui ont signé un CDI, cela ne signifie pas un salaire assuré. Dans une usine où trois salariés ont été embauchés, leur patron a attendu la fin de la période d’essai pour leur dire que, tout compte fait, un seul serait gardé. D’autres arrivent dans des entreprises qui mettront la clé sous la porte quelques mois plus tard, comme les travailleurs de Vannes qui avaient trouvé un poste à la biscuiterie La Trinitaine, avant qu’elle soit placée en redressement judiciaire courant octobre. Michelin ne les en comptabilise pas moins dans les chiffres de ceux qui ont retrouvé « une solution pérenne ». Et puis, les nouveaux emplois en CDI ne prenant pas en compte l’ancienneté chez Michelin, ils se traduisent par une perte de 300 à 1 000 euros par mois.
Michelin a promis aux entreprises qui embauchent un de ses anciens salariés des primes de 5 000 à 10 000 euros, ainsi que des prêts à des taux très bas. Mais les patrons qui en profitent ne créent pas d’emplois pour autant, et ce sont les travailleurs les plus précaires qui en font les frais. Dans une entreprise de cartonnerie où plusieurs ex-salariés de Michelin ont été embauchés, ce sont les intérimaires, y compris certains âgés et qui y travaillaient de longue date, qui ont été mis à la porte. Certains travailleurs ont aussi tout simplement disparu des bilans du patron, comme ceux employés dans la maintenance, la restauration, le nettoyage ou la logistique, embauchés par des sous-traitants comme SPIE, Sodexo, Derichebourg et Onet. Pour la plupart, il n’y a pas eu de « plan de sauvegarde de l’emploi », donc même pas un minimum d’accompagnement. Certains ont été poussés à démissionner ou à signer des ruptures conventionnelles, avec le minimum des indemnités légales. Alors qu’ils ont fabriqué eux aussi les profits de Michelin pendant des années, le groupe fait comme s’ils n’existaient pas.
Cent-vingt-trois travailleurs ont dû partir en préretraite, ce qui leur fait perdre 25 % de leur salaire pendant parfois plusieurs années avant la retraite effective. Ceux-là n’ont pas d’autre choix que de tenter de retrouver un emploi pour joindre les deux bouts. Ils n’avaient pas imaginé finir leur carrière en intérim.
Les mensonges étalés par Michelin dans la presse et le sourire du PDG, Menegaux, qui se pavane à la télévision, ne font que nourrir la colère des travailleurs mis à la porte. Oui, il y a de quoi avoir la haine face à ces grands actionnaires exploiteurs et licencieurs et les empêcher de nuire serait une urgence.