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Leur société
Nouvelle-Calédonie : manœuvres politiciennes et antiouvrières
Mercredi 8 janvier, Alcide Ponga, de la droite loyaliste, a été élu chef du gouvernement local à la place de l’indépendantiste Louis Mapou.
Louis Mapou a chuté le 24 décembre, au moment où les élus calédoniens au Congrès, le Parlement local, votaient les trois « réformes » fiscales exigées par Paris en échange d’une aide d’urgence de 236 millions d’euros. Ces « réformes » constituent une véritable attaque antiouvrière : instauration d’un jour de carence pour les fonctionnaires territoriaux, hausse de 50 % de l’équivalent calédonien de la CSG, qui touche directement les salariés, et une hausse de la TGC, équivalent local de la TVA. Les deux premières mesures ont été votées le 23 décembre à une très large majorité, par les élus anti-indépendantistes comme par les élus indépendantistes. Les députés ont même enchéri sur les exigences de Paris, en instaurant à l’unanimité le jour de carence dès le premier arrêt maladie et non au troisième, comme le proposait le gouvernement.
Si la hausse de la TGC n’a pas encore été votée, ce n’est pas en raison du caractère antipauvre de la mesure mais parce que, à la suite du deuxième vote, un des partis de droite a interrompu la procédure, en démissionnant du gouvernement de Louis Mapou, donc en le faisant chuter car il lui reprochait de négocier dans son coin avec Paris. Bayrou a alors accentué son chantage, informant les élus calédoniens que, comme seulement deux des trois mesures antiouvrières étaient votées, ils n’auraient que deux tiers de l’aide.
En Nouvelle- Calédonie, le gouvernement local est collégial, élu à la proportionnelle des 54 élus au Congrès. Grâce à l’alliance formée avec l’Éveil océanien, un parti qui veut représenter la communauté des îles du Pacifique, les partis indépendantistes ont eu la majorité en 2019, permettant à Louis Mapou, du Palika, de prendre la tête du gouvernement et au Kanak Roch Wamytan, de l’Union calédonienne, de prendre la présidence du Congrès.
Mais après la mobilisation de la jeunesse kanake et océanienne contre la réforme du corps électoral le 13 mai dernier, les partis ont multiplié les manœuvres. Les élections territoriales qui devaient avoir lieu fin 2024 ont été repoussées pour la fin 2025. L’Éveil océanien, qui a voulu prendre ses distances avec la révolte de la jeunesse, a fait chuter Roch Wamytan de la présidence du Congrès en s’alliant avec la droite loyaliste pour prendre sa place. Pour l’élection du gouvernement, l’Éveil océanien a réitéré la manœuvre en constituant une liste avec un des partis de droite, offrant ainsi une majorité aux anti-indépendantistes. C’est ainsi que le chef du gouvernement est maintenant Alcide Ponga, élu d’origine kanake, anti-indépendantiste et un des dirigeants de la droite loyaliste, symbole de l’intégration par l’État français d’une couche de notables kanaks. Cadre à la société Le Nickel, il a été un des directeurs de l’usine KNS, celle de la province Nord, jusqu’à sa fermeture au mois d’août dernier.
Les travailleurs de Nouvelle-Calédonie n’ont rien de bon à attendre de ce nouveau gouvernement ni d’aucun de ces partis de notables qui, même s’ils veulent se démarquer les uns des autres à l’approche des élections territoriales, veulent tous montrer à l’État français qu’ils sont responsables et capables de voter les mesures qui font payer les plus pauvres.