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Dans le monde
Panama : un canal états-unien
Sous prétexte que les navires américains paieraient des droits de passage trop élevés pour emprunter le canal de Panama, Trump a menacé d’en reprendre le contrôle, y compris par la force.
Cette menace vise directement la Chine, accusée de trop profiter de cette voie stratégique entre les océans Pacifique et Atlantique. Trump lui reproche de réaliser trop d’investissements en Amérique latine, un continent que les États-Unis considèrent comme leur jardin réservé depuis le discours du président James Monroe en 1823, « l’Amérique aux Américains ». Trump ne fait qu’adapter aux intérêts du moment la « politique du gros bâton » menée par ces prédécesseurs à la tête des États-Unis pour imposer les intérêts de leurs capitalistes, par la force ou par la menace d’en user.
Ainsi, après une première tentative française avortée avec la faillite de la première Compagnie universelle du canal, le canal de Panama a-t-il été construit, entre 1904 et 1914, sous l’égide de l’armée américaine. La Colombie, à laquelle le territoire autour du futur canal appartenait, ayant refusé de céder tous les droits aux États-Unis, l’armée américaine est intervenue pour aider des séparatistes panaméens à proclamer leur indépendance. Pendant 75 ans, les États-Unis ont pu directement administrer le canal et percevoir la majorité des droits de passage. Si, en 1977, le président américain Carter, qui vient de décéder, a signé avec le président du Panama, le général Torrijos, un accord prévoyant la rétrocession du canal au Panama, celle-ci n’a été effective qu’en 1999.
Après comme avant cette rétrocession, les États-Unis n’ont jamais cessé d’intervenir dans les affaires de la république du Panama. Ainsi, durant les années 1980, sous Ronald Reagan, l’administration américaine est passée par ce pays, alors dirigé par le trafiquant de drogue notoire Manuel Noriega, pour livrer des armes aux milices anticommunistes combattant au Nicaragua. Quand le mafieux sanguinaire Noriega a cessé de leur être utile, les dirigeants américains ont envahi le Panama, au prix de plusieurs milliers de morts, pour le kidnapper et le ramener aux États-Unis où ils l’ont condamné à 40 ans de prison.
Si Trump est cynique et brutal, il ne fait que mettre ses pas dans ceux de ces prédécesseurs.