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Leur société
Philharmonie de Paris : la guerre s’invite au concert
Le concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à Paris, jeudi 6 novembre, a été perturbé par un groupe de quatre personnes qui ont déclenché des fumigènes et distribué des tracts. Quoi que l’on pense de ce type de manifestations, elles n’ont pu surprendre personne.
Chaque événement, quelle que soit sa nature, culturelle ou sportive, impliquant d’une façon ou d’une autre l’État d’Israël donne lieu à des manifestations pour dénoncer le génocide à Gaza. Depuis des semaines, des associations propalestiniennes et des artistes demandaient l’annulation du concert, notamment Tsedek !, collectif décolonial juif, ou l’Union juive française pour la paix (UJFP). La CGT de la Philharmonie de Paris réclamait une prise de parole de la direction de l’institution pour dénoncer les massacres à Gaza. Mais la ministre de la Culture Rachida Dati interdisait la moindre contestation, déclarant : « Aucun prétexte à l’antisémitisme ! », comme si la critique de la politique du gouvernement d’Israël et de sa guerre d’extermination à Gaza était de l’antisémitisme.
La Philharmonie était donc protégée par des dizaines de CRS pour ce moment de communion musicale en présence de l’ambassadeur d’Israël en France.
Pour clore ce qui était présenté comme un « événement purement culturel », l’hymne national israélien a été joué dans une improvisation qui a fait se lever une bonne partie de la salle et gêné ceux qui étaient venus pour la musique. Ce concert était bien un événement politique où s’est à nouveau exprimée la solidarité du gouvernement français et d’une large partie du spectre politique envers l’État israélien – jusqu’à Le Pen invectivant les « activistes antisémites d’extrême gauche, encouragés par les appels du syndicat communiste de la CGT ».
Trois hommes et une femme sont restés trois jours en garde à vue et sont désormais mis en examen. Un des manifestants a été tabassé dans les travées, comme s’en est réjoui ensuite l’ambassadeur d’Israël, par des mélomanes aux réflexes de cogneurs d’extrême droite. Malgré la reconnaissance de la Palestine par Macron et le fait que l’ONU accuse Israël de génocide, l’injonction au soutien à l’État israélien reste de mise sous peine de se faire traiter d’antisémite.