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Leur société
Plan grand froid : l’incurie de l’État
Pendant quelques jours, des mesures d’urgence sont censées être prises pour protéger les personnes à la rue du froid intense prévu dans 34 départements. L’indigence de ces mesures est révoltante.
L’État et les préfectures gèrent officiellement le problème du logement d’urgence en fonction de la température extérieure ressentie, classée en trois couleurs. Si elle se situe entre -5 et -10 degrés, c’est la vigilance jaune ; entre -10 et -18 degrés, c’est la vigilance orange et en dessous de -18 degrés ressentis, c’est la vigilance rouge. Pour chacune, le ministère a défini des mots d’ordre. Pour le jaune : « être attentif », pour l’orange : « vigilance » ; et pour le rouge : « vigilance extrême » ! Ces termes aussi creux que ridicules annoncent eux-mêmes l’absence d’engagement de l’État à prendre des mesures réelles.
Ces mesures sont en dessous de tout. Dans le Loiret, un des départements passant en vigilance jaune, la préfecture a annoncé 50 places d’hébergement d’urgence supplémentaires sur les 1 371 existantes. En Loire-Atlantique, où il y a 2 200 places, la préfecture ne prévoit d’en ouvrir que 65 de plus. À Paris, on a compté au mois de décembre 5 000 appels d’urgence au 115, le double du nombre d’appels passés l’an dernier à la même époque. Or, au bout du fil, de combien les effectifs ont-ils été renforcés ? Aucun chiffre n’a été rendu public.
Pourtant, le minimum nécessaire à faire dans cette période de grand froid ne serait pas grand-chose au regard des moyens de l’État. Dans une municipalité de Seine-Saint-Denis, Montreuil, depuis plusieurs années, durant six semaines, un gymnase est ouvert à des femmes à la rue. Il y a des coins cuisine et toilette collectifs et un lit de camp, une table et une chaise par personne. Les 25 femmes hébergées ont entre 18 et 56 ans. L’une a témoigné, combien elle était soulagée pour un temps : « Je viens dormir en paix, tranquille, sans me faire agresser », et elle explique que des liens se sont créés entre elles : « Chacune de nous traîne ses problèmes [mais] quand on rentre, on rigole. » L’accueil de ces quelques femmes n’a rien d’extraordinaire. Et on se demande pourquoi il n’y aurait pas plus de bâtiments réquisitionnés ou construits pour accueillir des sans-abri, même plus confortables et ouverts non pas seulement six semaines, mais tout le temps nécessaire.
Une idée reçue voudrait que, même dans un pays riche comme la France, fournir un logement à tous serait un effort hors de portée de la société. Ce mensonge est en fait l’aveu que l’État n’est pas au service de la population en général mais au service des classes riches. Il ne prend en charge les problèmes des classes populaires qu’en dépensant le moins possible, et se lave les mains de la situation des plus pauvres.