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Leur société
Prix : les vautours à la manœuvre
Les négociations annuelles entre les patrons de l’industrie de l’agro-alimentaire et ceux de la grande distribution ont commencé et doivent durer jusqu’au 1er mars.
Les enseignes de la grande distribution, avec en tête Leclerc, Carrefour et Intermarché, se posent en défenseurs du pouvoir d’achat, et disent vouloir imposer les prix les plus bas. Les industriels, eux, voudraient une augmentation des prix entre 2,5 et 5 %, prétendant défendre l’emploi, leur compétitivité et une rémunération correcte des agriculteurs et des PME qui les approvisionnent. Et de pointer leurs fameuses charges, qui ne cesseraient d’augmenter, les prix de certaines matières premières, comme le café, le cacao ou encore le beurre, qui flambent, ainsi que le coût de l’énergie. Encore un peu et il faudrait pleurer sur le sort des Danone, Lactalis et Nestlé. Tout cela n’est que mensonge et comédie.
Le véritable enjeu derrière ce cinéma est la répartition des marges bénéficiaires dans chaque secteur. Et la seule question qui intéresse industriels et distributeurs est de savoir qui captera la plus grande part des dépenses des classes populaires. Le patron d’Intermarché a beau tempêter contre « des industriels que je qualifierais presque d’irresponsables », son groupe, Les Mousquetaires, a réalisé un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros en 2023, en hausse de 8,8 % par rapport à l’année dernière. Quant à Michel-Édouard Leclerc, qui se pose toujours en défenseur des petits consommateurs, c’est en puisant dans leur poche qu’il a réalisé un chiffre d’affaires de 48,6 milliards d’euros en 2023, 10 % de plus qu’en 2022.
Il y a tout de même un fait sur lequel les deux parties, industriels et distributeurs, sont bien d’accord, c’est que les prix ne reviendront pas à ce qu’ils étaient avant l’inflation de 2022. Pourtant, la précarité alimentaire ne cesse d’augmenter en France, au point qu’en 2023, 16 % de la population déclarait ne pas manger à sa faim. Mais cela est bien le cadet des soucis des vautours qui contrôlent les circuits de la production et de la distribution des produits alimentaires.