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Leur société
Retraites : la mascarade du conclave
Vendredi 17 janvier, le Premier ministre Bayrou a inauguré son conclave sur les retraites. Pendant trois mois, les syndicats et les représentants du patronat vont palabrer sur « des pistes d’amélioration, y compris budgétaires ».
Et en attendant, la réforme Borne, qui n’est ni abrogée ni même suspendue, s’applique.
Les syndicats invités, CFDT, Unsa, CGC, FO, CGT, acceptent de jouer le jeu. Les installer pour des semaines autour d’une table aux côtés du Medef laisse espérer au gouvernement qu’il est parti pour durer, ce qui reste à voir. Les directions syndicales acceptent ainsi de se prêter à cette mascarade, même en formulant des réserves, comme Sophie Binet, la dirigeante de la CGT, l’a fait à la sortie de la première réunion, en déclarant que CGT et Medef restent irréconciliables sur les 64 ans.
Dans son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, Bayrou a clairement annoncé qu’il entendait poursuivre l’attaque contre les retraites, déclarant que « quelque 40 à 45 milliards d’euros » étaient déboursés par « les collectivités publiques, au premier chef l’État » pour payer les pensions de retraite. « Or nous n’en n’avons pas le premier sou. Chaque année, le pays emprunte cette somme », a conclu Bayrou qui rendait responsables les retraités, en particulier les fonctionnaires, ni plus ni moins que de faire exploser la dette de l’État. Au-delà de la fantaisie du chiffre délibérément catastrophiste – le Conseil d’orientation des retraites annonce un déficit de 5,8 milliards d’euros en 2024 –, les retraites sont dans la ligne de mire du gouvernement.
Le patronat et la bourgeoisie sont à l’offensive alors que la crise économique s’aggrave. Le rôle de Bayrou est de mettre en musique leur partition. Des députés de gauche et des syndicats acceptent de danser, ce n’est pas une surprise. Quant aux travailleurs, sur les retraites, ils avaient été des centaines de milliers à manifester contre la réforme Borne et en grève dans des dizaines d’entreprises. C’est ce chemin de la lutte qu’il faudra reprendre.