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Dans le monde
Spéculation boursière : la bulle qui grossit
Les Bourses mondiales connaissent l’euphorie, battant record sur record. Cette ébullition ressemble fort à celles qui ont annoncé de précédentes crises.
L’indice principal de la Bourse de New York a vu sa valeur doubler depuis 2022 et connaît une envolée spectaculaire depuis le mois d’avril. Cette hausse est d’abord celle des modestement intitulées « sept magnifiques » : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Nvidia et Tesla, qui ont progressé de 60 % en six mois. Cette euphorie repose largement sur l’espoir de profits liés au développement de l’intelligence artificielle et à son utilisation. Ces entreprises espèrent se partager ce marché censé révolutionner l’économie et augmenter la productivité du travail.
Mais ce n’est pour l’instant que chanson d’avenir. Selon le journal Les Échos, de plus en plus d’analystes financiers se demandent comment on va trouver une rentabilité à des entreprises d’IA qui ont des coûts de fonctionnement trois à cinq fois plus élevés que leurs revenus.
La société OpenAI, qui a conçu ChatGPT, valorisée à près de 500 milliards de dollars en Bourse, elle, ne versera pas de dividendes avant 2029. La société Palantir, géant américain de l’analyse de données, dispose d’une capitalisation boursière représentant 250 fois son chiffre d’affaires. On peut comprendre avec un minimum d’intelligence, artificielle ou biologique, que cette situation ne peut conduire qu’à l’éclatement de la bulle.
Mais cela ne modère pas l’appétit des spéculateurs. La raison première est la masse de richesses que détient la bourgeoisie mondiale et qu’elle cherche à placer. Faute de rentabilité dans la production de biens et d’infrastructures utiles à la population, des milliers de milliards affluent dans les secteurs s’ils promettent une rentabilité financière immédiate élevée, même reposant largement sur du vent, c’est-à-dire sur la simple conviction que le cours de l’action va continuer à monter.
En 2007, juste avant l’éclatement de la crise des subprimes, une bulle immobilière, Charles Prince, PDG de Citigroup, expliquait : « quand la musique s’arrêtera, les choses se compliqueront en termes de liquidités. Mais tant qu’il y a de la musique, il faut se lever et danser. » Peu de temps après, Citigroup licenciait 17 000 employés, malgré un plan de sauvetage public de 300 milliards. C’était à l’image de l’ensemble de la classe capitaliste, dont l’économie mondiale explosait en vol.
Aujourd’hui, les mêmes capitalistes ou leurs descendants continuent de danser… sur le volcan.