Ukraine : le “plan de paix” de Trump26/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/P8_Trump_paix_Ukraine_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C18%2C800%2C468_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : le “plan de paix” de Trump

Le 19 novembre, Trump a fait connaître son nouveau « plan de paix » pour l’Ukraine. Dans ses grandes lignes, il reprend ce dont il a déjà été question cet été, mais il aggrave les concessions auxquelles devrait consentir la partie ukrainienne.

Illustration - le “plan de paix” de Trump

Certains, outre-Atlantique et plus encore dans les milieux dirigeants de l’Union européenne (UE), ont clamé voir dans ce plan la main de Moscou.

La réalité est pourtant sous les yeux de tous. En 28 points, il défend d’abord les intérêts de l’impérialisme américain, et comment !, quand il prévoit par exemple que la moitié des contrats de reconstruction de l’Ukraine iront à des firmes américaines. Et s’il reprend des revendications territoriales et politiques de Moscou, c’est qu’il prend acte du rapport de force sur le terrain. Or celui-ci n’a cessé d’évoluer en faveur de la Russie ces derniers mois, au point qu’on n’exclut plus un effondrement de l’armée ukrainienne.

Mais il y a aussi le fait que Washington, qui a poussé de longue date à cette guerre, n’a plus autant besoin d’affaiblir la Russie maintenant qu’il a atteint son but. Au contraire : les États-Unis se soucient désormais de ménager la Russie qui, parce qu’elle garde un certain poids dans l’espace ex-soviétique, a la capacité d’y faire régner un « ordre international » qui garantisse ses intérêts et ceux de la Maison Blanche. Cela inclut l’exploitation de nombreux pans de l’économie ukrainienne, des terres rares – ces minerais stratégiques –, jusqu’à l’industrie nucléaire du pays, en passant par une partie de son secteur agricole, de ses industries, etc., sur lesquels des firmes américaines ont pu mettre la main, à la faveur notamment de cette guerre. Et tous ces capitalistes, qui piaffent d’impatience d’en tirer du profit, ont besoin pour cela d’un accord de paix ou de cessez-le-feu qui « normalise » la situation sur place.

Que leur importe alors que Zelensky doive céder plus de territoire à Poutine, que son armée soit réduite comme le prévoit le plan de Trump, que l’Ukraine doive renoncer à intégrer l’OTAN, une perspective que Washington lui a longtemps fait miroiter afin que ses gouvernants acceptent de transformer leur population en pions et en chair à canon de l’impérialisme, au premier chef américain.

Avec son cynisme coutumier, le milliardaire-président américain a mis les choses au net le 21 novembre en déclarant, à propos de Zelensky, qui tordait le nez devant son plan : « Il faudra bien que cela lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, vous savez, ils n’auront qu’à continuer à se battre. » Mais ce pourrait être alors sans la couverture des renseignements militaires américains, qui empêchent les drones et missiles russes de faire des ravages plus terribles dans les infrastructures et zones d’habitation ukrainiennes.

Ainsi, dans la nuit du 24 au 25 novembre, des centaines de ces engins de mort se sont encore abattus sur les populations en Ukraine, mais aussi en Russie, tandis qu’à Genève les émissaires américains, européens et ukrainiens discutaient de la « paix » selon Trump. Son plan ferait l’objet de certains aménagements, et l’on ne cite plus le 27 novembre comme date butoir pour son adoption.

Des civils et des soldats ukrainiens et russes vont donc continuer à mourir, tandis que les hommes d’affaires, parfois partenaires en affaires de Trump, qui forment la délégation américaine en Suisse, veilleront au grain et aux gains. Ce sera sous l’œil des représentants de l’UE, pas moins intéressés à rafler leur part du butin, même si, forcément, elle sera plus réduite.

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