Les dirigeants socialistes qui appellent à voter "oui" au référendum sur la Constitution européenne affirment que celle-ci ouvre la porte à une "Europe sociale". Mais où est donc le côté "social" de ce texte? Dans le fait qu'il reconnaisse aux citoyens européens le "droit à la recherche d'un emploi" (y aurait-il donc des pays où l'on n'a pas le droit de chercher du travail!), et pas même le droit à un emploi? Ce serait risible si l'Europe ne comptait pas des millions de chômeurs. Mais il est vrai qu'en matière de politique sociale et de lutte contre le chômage, l'équipe Jospin-Hollande n'a pas mené une politique tellement différente de celle de Chirac-Raffarin. Et quand on sait que le père de ce projet constitutionnel est Giscard d'Estaing, qu'il est soutenu par les gouvernements les plus réactionnaires de l'Europe des Vingt-cinq, il n'est pas surprenant que le côté "social" de l'Europe soit réduit à quelques mots creux.
L'Europe que souhaitent les grands groupes capitalistes, c'est un grand marché dans lequel ils puissent accroître leur taille le plus possible. C'est l'Europe que s'efforcent de construire, depuis un demi-siècle, les gouvernements, de droite ou de gauche, à leur service. Et du fait de son extension à vingt-cinq pays indépendants, ses promoteurs ont besoin de fixer des règles de fonctionnement pour régler leurs désaccords. D'où ce projet de constitution.