Peu importe que Sarkozy ait changé, ou pas, de style. Il n'a pas changé de politique. Et toutes les mesures évoquées dans son intervention télévisée du 24 avril ne sont dans le meilleur des cas que poudre aux yeux, et le plus souvent que la confirmation des mauvais coups que le gouvernement réserve aux travailleurs. Le nombre d'années de cotisations exigées pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein passera à quarante et un ans. Le patronat réclame que l'âge légal de la retraite soit repoussé : il a déjà de fait satisfaction, car au train où vont les choses, qui aura cotisé quarante et une annuités à soixante ans ?
Quant aux discours sur « les seniors » qu'il faudrait remettre au travail, cela relève de la plus parfaite hypocrisie, car si beaucoup de salariés ne sont plus en activité plusieurs années avant l'âge légal de la retraite, c'est parce que les grandes et aussi les petites entreprises les ont poussés dehors. Alors Sarkozy peut toujours dire qu'il fera payer une cotisation supplémentaire aux entreprises qui n'auront pas signé d'accord à ce propos, il serait plus crédible si le gouvernement dont il faisait partie n'avait pas supprimé il y a deux ans la « contribution Delalande », qui rendait plus onéreux pour les employeurs le licenciement des salariés de plus de cinquante ans.