L'argumentation de tous ceux qui proclament qu'il serait nécessaire de réformer les retraites, c'est-à-dire de la quasi-totalité des hommes politiques de la bourgeoisie, droite et gauche confondues, des économistes et des commentateurs qui leur emboîtent le pas, se veut de bon sens : l'allongement de la durée de la vie imposerait une telle réforme. Mais c'est une escroquerie car, s'il est vrai que le nombre d'actifs a diminué, le problème n'est pas là. Si les caisses de retraite sont menacées de déficit, la raison essentielle ne réside pas dans l'augmentation à venir du nombre des retraités, mais dans la diminution des rentrées destinées à alimenter ces caisses de retraite. Une diminution qui ne cesse de s'aggraver depuis près de quarante ans, et qui se détériore encore plus vite depuis l'explosion de la crise financière en 2007.
Pour maintenir ses profits, le patronat a réduit depuis des années les effectifs des entreprises, faisant produire autant, voire plus, par moins de travailleurs. Les plans de licenciements, les fermetures d'entreprises se sont multipliés, entraînant ces dernières années une augmentation massive du chômage. Et celle-ci est devenue une nouvelle arme aux mains des patrons pour refuser toute augmentation des salaires, en prétendant que ceux qui ont la chance d'avoir un emploi devraient s'estimer heureux.