Argentine : Le péroniste battu, Menem désavoué29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Le péroniste battu, Menem désavoué

Avec 48,49 % des voix, l'Alliance conduite par Fernando De la Rua remporte l'élection présidentielle de ce dimanche 24 octobre, qui ramène un radical à la présidence de la République argentine.

Cette Alliance, qui réunit le parti radical (UCR) et le Frepaso (une coalition de centre-gauche), obtient plus de 8,7 millions de votes. Le parti péroniste (Parti Justicialiste) conduit par Eduardo Duhalde, avec 6,8 millions de voix, est donc battu.

Ce résultat constitue surtout un désaveu pour le régime de Menem, qui n'en continue pas moins à espérer pouvoir revenir à la présidence en 2003.

Si Menem a d'abord bénéficié de l'arrêt de l'hyperinflation qui avait donné l'espoir d'une vie meilleure, les privatisations à outrance de l'essentiel de l'économie étatisée, qui ont fait entrer l'économie argentine dans le casino de la spéculation boursière, la multiplication des licenciements qui a accompagné cette politique, les krachs boursiers et une corruption de plus en plus provocante, ont entraîné un rejet du régime du président sortant, y compris par la partie de la population pauvre restée fidèle au mythe péroniste. Menem paye un taux de chômage de 21 %, allant jusqu'à 30 % dans certaines régions.

Le résultat de la présidentielle était attendu depuis longtemps. L'usure de Menem était manifeste. Cela ne l'empêche pas de briguer la présidence du parti péroniste une fois qu'il aura quitté la présidence de l'Etat.

Mais, comme à chaque fois en Argentine, il y avait conjointement des élections locales qui accompagnaient la présidentielle, notamment celle du gouverneur de la province de Buenos Aires, une province très populaire, très attachée au parti péroniste.

Les électeurs ont la possibilité de panacher leurs votes et voter par exemple De la Rua à la présidentielle et péroniste pour le poste de gouverneur.

La dirigeante du Frepaso, Graciela Fernandez Meijide, qui avait brigué sans succès la tête de liste de l'Alliance pour la présidentielle, et dont le fils a été une victime de la dictature, espérait être élue dans le Grand Buenos Aires. Mais c'est le candidat du parti péroniste qui l'a emporté. A 470 000 voix près, le parti péroniste conserve donc la province de Buenos Aires.

A noter également que, cette fois encore, il existait dans cette élection pour le poste de gouverneur un candidat de l'extrême droite, Patti, un policier tortionnaire pendant la dictature et maire d'une ville très riche de la province (Escobar). Sa campagne sur les thèmes de l'insécurité n'a pas rencontré grand succès dans les milieux populaires, mais l'extrême droite maintient ainsi, au fil des élections, une présence politique dans une province très déshéritée.

Les commentateurs argentins expliquent déjà que le nouveau gouvernement mènera exactement la même politique que Menem, celle qui a conduit les travailleurs vers le chômage et l'austérité. Les politiciens ont promis un " nouveau style politique ", c'est-à-dire au luxe moins tapageur, à la corruption moins visible et soi-disant " plus honnête ". Le style " pizza et champagne " de Menem, comme on dit là-bas, ce serait fini. Il n'est pas difficile de parier que ces promesses dérisoires ne seront même pas tenues.

L'extrême gauche (ce qu'on appelle " la gauche " là-bas) n'a pas réussi à exprimer, ne serait-ce que sur le plan électoral, la colère que ressentent les travailleurs les plus déshérités quand ils constatent que la bourgeoisie et une partie de la petite bourgeoisie parviennent à s'enrichir tandis qu'eux-mêmes s'enfoncent dans le chômage et la misère.

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