Le recul de Martine Aubry devant le chantage du MEDEF, menaçant de se retirer des organismes paritaires dans lesquels il siège, si l'on puise dans les budgets de la Sécurité sociale et de l'Unedic pour financer les 35 heures, a fait beaucoup jaser les commentateurs et réjoui les milieux patronaux. Il y a recul, c'est vrai, mais un recul tout symbolique. C'est peut-être un signe fort donné au patronat - un de plus -. Mais cela fait partie d'une comédie ente deux comparses.
Car le recul, le vrai, se situe à un tout autre niveau, et date de bien plus longtemps. Il n'est nullement question, en effet, d'abandonner le financement des 35 heures, tout juste d'aller chercher ailleurs l'argent nécessaire pour le faire. Le gouvernement prendrait désormais dans les fonds provenant de la taxe sur les alcools, destinés jusqu'alors à financer en partie les retraites, et sur la taxe imposée sur les heures supplémentaires. La belle affaire. Car quelle que soit l'origine de ces fonds, quel que soit le tour de passe-passe réalisé in extremis par Martine Aubry pour complaire au patronat, cela se réduit, comme à chaque fois, par un transfert de fonds de la poche des contribuables dans les coffres des patrons. La vraie reculade est là. Elle est inscrite dans la logique de la loi Aubry.