Financement des 35 heures : Le patronat gagnant à tous les coups29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Financement des 35 heures : Le patronat gagnant à tous les coups

" Lionel Jospin recule sur le financement des 35 heures " titrait le quotidien Les Echos mardi 28 octobre, au lendemain de l'annonce par Martine Aubry de l'abandon officiel du projet gouvernemental de ponctionner les budgets de la Sécurité sociale et de l'Unedic pour financer les allégements de charges sociales en faveur des patrons dans le cadre de sa loi sur les 35 heures.

Mais ce " recul " est tout relatif car le financement se fera entre autres, à hauteur de 5,6 milliards, par le détournement de la partie de la taxe sur les alcools qui devait servir à la Sécurité sociale pour le paiement des futures retraites.

Depuis le début d'ailleurs, les dés sont pipés dans ce prétendu bras de fer qui opposerait gouvernement et patronat.Ce dernier a le culot de protester contre le pillage des caisses de l'Unedic et de la Sécurité sociale alors qu'il en est, dans cette affaire comme pour toutes les baisses de charges, le seul et unique bénéficiaire.

Notons d'ailleurs que quand on dit " payées par les patrons " à propos des charges sociales, c'est un abus de language.En réalité ce n'est que du salaire différé pris sur la part des salariés, les patrons répercutant, eux, automatiquement le coût des dites charges sociales dans leurs prix.Mais quand les salariés voient leur salaire amputé, bizarrement personne ne proteste ni à droite, ni à gauche, ni bien sûr chez les patrons.

Quant au pillage opéré par les gouvernements sur les caisses, tant de Sécurité sociale que de retraites, alimentées par les salariés c'est une politique constante de tous les gouvernements.Il est fréquent de faire supporter à la Sécurité sociale ce qui relèverait du budget de l'Etat. Sans parler de la formation des médecins, bien des mesures, dites sociales, annoncées sont en réalité totalement financées sur le budget de la Sécurité sociale.Ce gouvernement, comme les autres, qui " s'horrifie " de son déficit ne lésine pas à puiser dans le budget de la Sécurité sociale, d'autant que ce budget avoisine 1 800 milliards de francs, soit plus que le budget de l'Etat.

Enfin il faut rappeler, à ce propos que l'organisme, qui coordonne toutes les caisses de retraites complémentaires des salariés, a dénoncé, il y a quelques mois, les impayés accumulés par tous les gouvernements à propos de préretraites FNE.Ces impayés se montent à 50 milliards, qui auraient dû être versés par l'Etat pour payer les cotisations de retraites complémentaires de tous les salariés mis en préretraites FNE. Or cela n'a jamais été fait. Cet argent manquant a donc été prélevé sur les cotisations des autres salariés.

Mais comment s'étonner des faux semblants qui accompagnent ces oppositions de pacotille entre le gouvernement et le patronat quand on entend Martine Aubry déclarer, dimanche 24 octobre à France 2, que ce qu'elle reprochait au patronat aujourd'hui c'est, par le cynisme de ses prises de positions diverses, de risquer de mettre par terre tout le travail de propagande fait par la gauche depuis 1983, alors que la gauche avait réussi à faire comprendre que les intérêts des entreprises étaient ceux de tout le monde, et que quand celles-ci faisaient des bénéfices c'était bon pour tous." Ma crainte, a-t-elle ajouté, c'est que demain tout cela soit remis en cause ".La ministre du Travail reproche aux patrons de jouer contre eux-mêmes, alors que Martine Aubry s'est dépensée sans compter - c'est le cas de le dire - pour faire passer une législation pro-patronale qui servirait aussi le pouvoir.Sont - ils bêtes ces patrons ! A moins que, par nature, ils se montrent tels qu'en eux-mêmes, sans aucune reconnaissance pour leurs larbins.

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