Vivendi : Un profiteur mondial bien de chez nous29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Vivendi : Un profiteur mondial bien de chez nous

En Allemagne, un tribunal a stoppé, au moins provisoirement, la privatisation de la régie des eaux berlinoise. En association avec deux groupes capitalistes allemands, RWE et Allianz, Vivendi (ex-fameuse Générale des Eaux) veut faire main basse sur la moitié du capital de l'entreprise de distribution d'eau et d'assainissement qui dessert 3,7 millions d'habitants de Berlin et de ses environs. L'entreprise convoitée, qui compte 6 000 salariés et dont le capital appartient pour l'instant au Sénat de Berlin, est largement bénéficiaire. La proie est donc intéressante et l'opération particulièrement alléchante puisqu'il s'agit de " la plus importante privatisation d'un service d'eau réalisée en Europe ", selon les termes de la direction de Vivendi.

Le Sénat berlinois, où règne la cohabitation entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, a donné le feu vert à cette privatisation. Les deux partis se sont mis d'accord pour vendre 49,9 % des parts de la régie des eaux - transformée au préalable en société - à un repreneur privé. Tout est donc ficelé au point de considérer le produit de la privatisation comme une ressource sûre pour le budget de Berlin de l'année prochaine. Par la suite, il est prévu un partage des bénéfices entre le Sénat berlinois et les nouveaux gestionnaires, le tout provenant des futurs " gains de productivité ". Air connu qui annonce généralement des suppressions d'emplois et des dégradations des conditions de travail.

Cependant, à la demande des Verts et du PDS (successeur du Parti Communiste au pouvoir dans l'ex-Allemagne de l'Est), le tribunal a demandé que la copie soit revue. Il a contesté le calcul du prix de l'eau (une augmentation de 30 % était autorisée à partir de 2003) et n'a pas admis non plus le mode de rémunération prévue pour les nouveaux actionnaires qui, selon les Verts, leur garantissait un bénéfice de 15 %.

Cela n'étonnera pas les habitants de nombreuses communes françaises qui ont déjà pu connaître les conséquences sur leurs factures d'eau de la gestion de Vivendi ou de ses homologues, la Lyonnaise des Eaux ou encore la SAUR, filiale du groupe Bouygues, qui se partagent la pompe à fric.

Si la population contrôlait les comptes de ces quelques entreprises, de leurs dirigeants et de leurs actionnaires, afin de prendre les mesures de réquisition nécessaires, beaucoup de choses deviendraient limpides. Il serait possible immédiatement de baisser les factures d'eau et d'embaucher les travailleurs nécessaires au bon fonctionnement, pour le présent et l'avenir du service public, sans engraisser Vivendi et compagnie. Et il n'y a pas à chercher bien loin un groupe capitaliste pour lequel le profit coule à flot dans le monde entier mais qui a pignon sur rue dans le huitième arrondissement de Paris.

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