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Dans les entreprises
La Poste - Centre de tri (Bordeaux) : La grève du CTC dans sa cinquième semaine
Au centre de tri Courrier départemental (CTC) de Bègles, le mouvement de grève se poursuit.
Au centre de tri Distribution (CTD) tout proche, le conflit parallèle, qui avait démarré un peu avant, a pris fin le jeudi 4 novembre. La direction voulait imposer aux quelque 80 postiers du CTD l'éclatement du service, leur dispersion sur trois sites avec, à la clé, la perte de leur horaire de " deux nuits sur quatre ".
Les travailleurs du CTD, après quatre semaines de grève, ont voté la reprise du travail à une courte majorité. Ils n'ont certes pas empêché la direction de faire éclater le CTD, mais celle-ci s'est engagée par écrit au maintien de leur horaire. Ils restent sur le qui-vive dans l'attente des lettres de la direction.
La fin du mouvement au CTD n'a pas affecté la grève au CTC, grève pour l'emploi et la sauvegarde des conditions de travail.
Les grévistes dénoncent la réorganisation du travail qui vient en application de la signature d'un accord local d'ARTT entre la direction, FO et la CFDT, très minoritaires. La CGT et SUD avancent aussi la revendication d'une diminution du temps de travail en brigade de nuit à 28 heures, alors qu'il est aujourd'hui de 32 heures hebdomadaires, horaire qui tient compte de la pénibilité du travail de nuit et acquis de luttes antérieures.
Depuis plus d'un mois, l'intransigeance de la direction, qui qualifie les postiers de " révolutionnaires du statu-quo " et qui a porté plainte après l'investissement par les grévistes d'un centre de tri parallèle, s'est soldée par l'interpellation d'un responsable de la CGT détenu par la gendarmerie pendant 26 heures. Mais cela a eu pour effet de renforcer la détermination des grévistes.
La direction de La Poste se permet de dire " non justifiées " les revendications des postiers qui, selon ses calculs, nécessiteraient de réaliser 40 embauches, alors que " Bordeaux n'est qu'un pion sur l'échiquier national ", dit un dirigeant départemental.
Effectivement, à Bordeaux comme ailleurs, c'est au nom d'une politique de rentabilisation au détriment de l'emploi et des conditions de travail que La Poste, entreprise publique, met la pression sur les travailleurs. L'application de la loi Aubry d'ARTT est l'une des armes de cette offensive. Cela se concrétise par des accords locaux. Et cette politique a l'avantage pour l'administration que le mécontentement ne se manifestent que de façon éclatée. Du moins jusqu'à présent.
Cette situation n'impressionne pas les grévistes.
Actuellement, les brigades de jour ne rejoignent la grève que de façon ponctuelle, mais restent solidaires des grévistes. Les brigades d'après-midi, de soirée et celles de nuit participent chaque jour aux assemblées générales, et votent majoritairement la poursuite du mouvement à l'appel de la CGT, influente, et de SUD.
Des grévistes de jour et d'après-midi reprennent le travail avant un week-end pour ne pas perdre trop de jours, ceux de nuit se mettent en grève à minuit pour qu'on ne leur retienne qu'" un trentième " de salaire, qui équivaut à un jour de paye. La plupart des grévistes en sont à une bonne vingtaine de jours de retenues.
Plusieurs de leurs manifestations ont marqué l'actualité locale : le 2 novembre, les grévistes sont allés à plusieurs dizaines bloquer le courrier à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac et contacter les collègues.
Plusieurs dizaines de postiers se sont aussi retrouvés pour aller interpeller le conseil municipal de Bègles, dont le maire est l'écologiste, Noël Mamère.
Le 8 novembre, alors que la direction recevait dans ses locaux du centre-ville une délégation de syndicalistes à 17 h 30, les événements ont pris une autre tournure : les quelques dizaines de grévistes qui attendaient dans la cour depuis plus d'une heure sont montés manifester leur colère dans les bureaux, à deux pas des moustaches d'une brochette de directeurs qui n'en menaient pas large. Le face-à-face a duré jusqu'à 6 h 30 du matin !
Quelques positions de travail supplémentaires étaient lâchées au cours de la nuit par la direction, mais elles étaient liées à l'augmentation du trafic : on était loin du compte !
Vendredi 12 novembre, une nouvelle réunion avait lieu, mais cette fois, le directeur départemental, courageux mais pas téméraire, convoquait la réunion à la préfecture de la Gironde, sous la protection des forces de police. Trois positions de travail supplémentaires dans chaque brigade de nuit, un aménagament des pauses des brigades d'après-midi et de soirée.
Le soir même, les grévistes estimaient cela insuffisant et exigeaient de nouvelles concessions.
Et, à ce jour, la lutte continue.