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- Lutte ouvrière n°1636
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Leur société
Sans-papiers : Une intransigeance révoltante - il faut régulariser tous les sans-papiers
Jusqu'à ce jour c'est en réalité une fin de non-recevoir que le préfet de Seine-Saint-Denis oppose aux revendications des sans-papiers qui occupent l'ancienne trésorerie de Saint-Denis, parmi lesquels six sans-papiers ont fait pendant plus d'un mois la grève de la faim. Bien plus, le préfet fait preuve d'un cynisme indécent en revenant sur les engagements qu'il avait fait mine de prendre pour faire cesser la grève de la faim. En effet après plus d'un mois de mouvement et presque deux semaines de prétendues négociations, le préfet se contente de rendre effectives quatre régularisations déjà décidées qu'il avait osé geler, par mesure de rétorsion, pendant la grève de la faim. Alors qu'il avait annoncé la semaine dernière que dix dossiers lui paraissaient régularisables, un seul sans-papiers l'a été tandis que sept autres n'ont obtenu qu'un récépissé de trois mois. A chaque fois le préfet invoque la nécessité de fournir un nouveau papier ou une nouvelle preuve. Impitoyablement, après avoir semé une lueur d'espoir, il referme la porte. Le bilan est de 11 récépissés de trois mois en attente d'une carte d'un an ; trois reconvocations pour présentation d'une pièce manquante ; huit convocations supplémentaires et deux convocations de grévistes de la faim à la DDASS (avec assurances orales de régularisation). La loi parle d'une régularisation possible pour ceux qui font la preuve d'une présence de dix ans. Mais dans les faits bien des sans-papiers concernés sont écartés ne serait-ce que parce que les célibataires sont systématiquement déboutés. Plus inhumain encore, le préfet prétend aujourd'hui ne pas prolonger l'autorisation provisoire de séjour d'un mois accordée aux grévistes de la faim alors que les médecins affirment eux-mêmes qu'ils ne seront pas rétablis avant six mois.
Tout se passe comme si le préfet voulait faire un exemple et démoraliser ceux qui lui résistent. Cette attitude odieuse des autorités de la Seine-Saint-Denis traduit les choix du ministre de l'Intérieur, Chevènement, que Jospin cautionne totalement, et qui consistent à démontrer à l'électorat réactionnaire que les politiciens de gauche sont capables de mener une politique aussi impitoyable vis-à-vis des hommes et des femmes que les lois successives ont, pour bon nombre, transformés en sans-papiers, que leurs compères de la droite et de l'extrême droite.
Jospin et Chevènement sont décidés à rejeter dans la clandestinité des dizaines de milliers de travailleurs étrangers. Ils sont prêts à les traquer et à les expulser. Ils n'hésitent pas à les acculer au désespoir. Ils montrent là ce que valent pour eux les promesses du passé et les idées généreuses.
Il ne faut pas les laisser faire. Face à cela, la revendication des occupants et des grévistes de Saint-Denis qui voulaient les papiers pour quarante-neuf de leurs camarades est un minimum qui doit être immédiatement satisfait. Mais c'est partout, et en premier lieu dans l'ensemble des départements de la région parisienne, dont la Seine-Saint-Denis est peut-être le pire exemple, que des sans-papiers vivent une situation inacceptable et profondément dramatique que nous ne devons pas tolérer.
C'est pourquoi il faut réaffirmer haut et fort que la régularisation de tous les sans-papiers à l'échelle du pays est une mesure de simple justice qu'il faut imposer.
C'est dans ce sens que nous appelons toutes celles et tous ceux que la politique de Chevènement et de ses services révolte à participer à toutes les manifestations et aux actions de solidarité avec les luttes des sans-papiers.