Il n'y a pas que dans les usines que la course au profit fait des morts. L'année dernière, le 1er juillet 1999, le téléphérique du pic de Bure s'écrasait au sol, tuant les vingt passagers qui s'y trouvaient. Un rapport remis récemment à la justice prouve que dans cet accident, la société privée chargée d'exploiter ce téléphérique a joué un rôle criminel.

La seule préoccupation de la société d'exploitation était la rentabilité de l'installation, au mépris de la sécurité des usagers. Pour améliorer cette rentabilité, tous les moyens semblaient bons : utilisation du téléphérique en surpuissance électrique, dépassement de près de trois tonnes de la charge maximale... En d'autres termes, le rapport des experts accuse nettement les exploitants de la benne de l'avoir surchargée pour rendre chaque voyage plus profitable ; quitte à trafiquer les réglages électriques pour permettre cette utilisation en surpuissance.

La société faisait également travailler sur ce matériel du personnel de maintenance à la qualification insuffisante, là encore, sans se préoccuper des conséquences possibles.

Mais le plus ahurissant n'est pas là : en effet, la catastrophe aurait été probablement évitée si la benne avait été équipée du matériel de sécurité prévu ; en cas de glissement de l'appareil, un " frein de chariot " est normalement censé le retenir. Sauf que ce frein représentait un poids d'environ 500 kg. que l'exploitant a ni plus ni moins fait démonter, en 1986, pour gagner autant de poids et permettre le transport de quelques passagers supplémentaires ! C'est ainsi que depuis près de 15 ans, le téléphérique était utilisé sans frein de chariot. Qu'importe la vie des usagers, pourvu qu'augmente le profit !