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- Lutte ouvrière n°1704
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Leur société
Les fabricants de farines animales et les labos mieux payés que les éleveurs
Le ministre de l'Agriculture vient d'annoncer 1,4 milliard d'aides pour indemniser les éleveurs de bovins victimes de la mévente de viande. Cette aide est pour une fois plafonnée à 30 000 francs par exploitation, ce qui évite que les plus gros touchent le plus. Mais les engraisseurs de veaux pourront obtenir, eux, jusqu'à 100 000 francs. Et cette aide vient s'ajouter à plusieurs autres déjà décidées, et beaucoup moins "démocratiques". On en serait en tout à 4,4 milliards de francs d'aides directes aux éleveurs.
Mais le coût des destructions des farines carnées douteuses et celui des tests de dépistage payés aux laboratoires qui les fournissent atteignent 7 milliards de francs, près du double !
En ce qui concerne les farines, l'Etat verse, selon FO-Consommateurs, 600 francs par tonne pour l'incinération, 1 600 à 1 800 francs pour le stockage, et à peu près autant pour traiter les déchets. Cela peut atteindre 4 000 francs par tonne en tout. On ignore combien il y a de tonnes à détruire, les évaluations allant de 350 000 à 700 000. Dans l'hypothèse haute, 700 000 tonnes à 4 000 francs, cela fait 2,8 milliards de francs, deux fois la dernière subvention allouée aux éleveurs !
Mais en outre il y a la fraude. Le secrétaire de FO-consommation dénonce le système suivant : les farines, sorties des entrepôts, sont arrosées d'eau chlorée pour détruire les prions. Ces farines se comportent comme des buvards et doublent presque de poids. Et c'est ensuite qu'elles sont pesées et ainsi l'eau est subventionnée aux prix de la farine ! Les industriels de la filière farine se battent pour la subvention...
En toute justice les fabricants de farines auraient dû être condamnés pour empoisonnement des bovins et aussi pour crimes envers les personnes qui ont contracté la maladie de Kreutzfeld-Jacob. Ces trusts de l'agroalimentaire, responsables du désastre, non seulement n'ont même pas été mis en cause ni jugés (on attend un éventuel procès) mais ils ont été les premiers à être indemnisés pour leur "manque à gagner".
Ils ont accumulé d'énormes profits en inondant le marché de farines dangereuses, produites sur place ou importées, et maintenant ils continuent de faire fortune grâce aux subventions que leur verse l'Etat - c'est à dire les contribuables - pour les détruire.
Et ce scandale se fait grâce à la complicité - c'est le moins qu'on puisse dire - d'un ministre de l'Agriculture socialiste et de l'ensemble du gouvernement.