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Dans les entreprises
Valéo - Licenciements : Seillière fait de nouveaux dégâts
Les salariés de l'usine de câblage pour l'automobile Syléa (groupe Valeo) de Cahors avaient déjà manifesté, début avril, devant le Conseil régional de Midi-Pyrénées. Jeudi 27 avril, ils ont envahi la salle où se tenait le Conseil municipal pour protester contre les menaces qui pèsent sur leur emploi. Manifestation justifiée puisque le lendemain, la direction confirmait la fermeture de deux usines, l'une à Cahors (dans le Lot), l'autre à Vire (dans le Calvados).
Les travailleurs de Cahors et de Vire subissent les décisions des actionnaires de Valeo, avec à leur tête le dirigeant du patronat, Seillière, qui viennent de décider de fermer l'une des filiales de ce groupe, Syléa, qui produit des faisceaux électriques pour l'automobile.
Les dirigeants de Valeo ont décidé d'ôter le travail à 30 % des 2 073 salariés que compte Syléa en France. Deux fermetures d'usines ont déjà eu lieu en Grande-Bretagne, d'autres emplois sont menacés aux Etats-Unis. Peu importe les conséquences catastrophiques ! A Cahors, 314 salariés, dont une grande majorité de femmes, sont touchés après avoir travaillé en moyenne 24 ans dans l'entreprise. Quant aux suppressions d'emplois de Valeo à Vire (234 salariés), elles se cumulent, dans la région, avec celles de Moulinex, à Cormelle-le-Royal, également dans le Calvados, et à Alençon dans l'Orne, deux usines qui comptent 1 100 salariés chacune. Les capitalistes n'ont pas plus de considération pour la survie d'une région qu'ils n'en ont pour celle des travailleurs dont ils se débarrassent, après avoir largement profité de leur travail.
La raison des licenciements invoquée par Valeo est "la baisse de la charge prévisionnelle des usines de la division Citroën-Peugeot en 2001" et la "dégradation de la compétitivité, liée à de fortes pressions sur les prix". Un équipementier de l'automobile comme Valeo reporte sur les salariés la pression de ses donneurs d'ordre, les groupes automobiles. Mais Valeo n'a rien d'une petite entreprise ! C'est un groupe qui emploie 75 000 personnes dans 27 pays. Actuel lement, son principal actionnaire est la CGIP (Com pagnie générale d'industrie et de participations), dirigée par Seillière et contrôlée par la famille de Wendel.
Ces anciens maîtres des Forges, comme on disait dans le temps, après avoir exploité 25 générations d'ouvriers, avaient supprimé des emplois en masse. Au début des années quatre-vingt, ils ont reçu des milliards d'argent du gouvernement de gauche, en échange de la nationalisation de leurs usines sidérurgiques dont ils étaient heureux de se débarrasser dans de telles conditions. Les de Wendel ont pu réaliser nombre de placements avantageux. C'est ainsi que le groupe Valeo est tombé dans leur escarcelle et leur a été hautement profitable.
Les ventes de Valeo ont été multipliées par dix en dix ans et ont encore progressé de 18 % l'année dernière, la moitié de cette augmentation provenant du rachat d'entreprises. Après avoir réalisé 368 millions de bénéfices nets, la société a annoncé des pertes qui correspondent en quasi-totalité à des provisions pour "restructuration", autrement dit ce sont des sommes prévues pour accompagner les suppressions d'emplois. Comme l'écrit le journal financier Les Echos, "la perte nette atteint 179 millions et intègre les 163 millions d'euros destinés à couvrir les nouveaux programmes de restructuration". Pas plus que les dirigeants de Danone, ceux de Valeo n'ont donc de quoi être effrayés quand le gouvernement décide de relever l'indemnité légale minimum de licenciement. Pour eux, ce n'est pas même une goutte d'eau dans la mare de leurs profits, déclarés ou à peine camouflés.
En consultant les comptes de ces entreprises, on découvrirait qu'entre les capitalistes qui licencient, dont certains se vantent de faire des profits, et d'autres qui prétendent avoir des difficultés, la différence n'est pas bien grande. Tant que ces sociétés restent à l'abri du secret commercial, il ne leur est pas difficile de cacher leurs bénéfices sous forme de "réserves" ou de "provisions", le temps de justifier des licenciements. Preuve de plus, s'il en fallait, que du point de vue des travailleurs il faudra imposer l'interdiction pure et simple des licenciements sous peine de réquisition des entreprises.