Leur rentrée et la nôtre07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Leur rentrée et la nôtre

Les discours prononcés le week-end des 1er et 2 septembre par les ténors des grands partis parlementaires montrent que pour les leaders de ces formations la campagne pour l'élection présidentielle est d'ores et déjà commencée. Mais visiblement, pour les uns comme pour les autres, les chiffres du chômage qui remontent de manière inquiétante depuis quelques mois, la succession des plans dits « sociaux » qui vont provoquer dans les semaines qui viennent des milliers de suppressions d'emplois, sont des questions accessoires. Et aucun ne propose de s'en prendre, pour lutter contre ce fléau, aux profits qu'engrangent les grandes entreprises.

Si l'UDF Bayrou propose (s'il est élu, et s'il tient sa promesse) d'augmenter le SMIC de quelques centaines de francs, c'est en finançant cette mesure par une baisse des charges sociales, c'est-à-dire que cela ne coûtera rien aux patrons et que, dans le meilleur des cas, on mettra dans la poche droite des travailleurs ce qu'on leur aura pris dans la poche gauche. En fait, Bayrou imite le Chirac candidat à la présidence de la République en 1995 qui déclarait vouloir lutter contre la « fracture sociale »... On a vu ce qu'il a fait une fois élu !

Lors de sa récente intervention à la télévision, Jospin a promis la création « d'un nombre considérable » de postes d'infirmières (de toute façon bien inférieur aux besoins, et ne permettant même pas d'assurer le passage aux 35 heures sans augmenter encore la charge de travail du personnel hospitalier). Ce serait plus que nécessaire en regard de la dégradation du système de santé. Il n'en a pas fallu plus pour que la droite lui reproche de vouloir augmenter les dépenses publiques. Mais le week-end dernier il a préféré centrer son discours à « l'université d'été » du Parti Socialiste sur le problème de la sécurité, c'est-à-dire se placer sur le terrain favori de la droite.

L'insécurité pourrit la vie de beaucoup de gens, surtout dans les quartiers populaires. Mais le chômage, la multiplication des emplois précaires, les bas salaires, la dégradation des conditions de travail, les horaires déments, encore plus. Et là, il y a des solutions qu'un gouvernement qui serait vraiment au service des classes laborieuses pourrait appliquer rapidement, qui amélioreraient considérablement la vie des travailleurs et qui permettraient en plus de mieux lutter contre l'insécurité. Mais pour cela, il faudrait justement s'en prendre aux intérêts des grandes sociétés, des gros actionnaires, ce que le Parti Socialiste, pas plus que la droite, ne veulent faire.

De toute manière, en ce qui concerne les problèmes du monde du travail, on peut écrire d'avance les discours de ces gens-là. Quand la croissance revient, il est d'après eux encore trop tôt pour augmenter les salaires. Et quand, comme aujourd'hui, les économistes revoient leurs prévisions à la baisse, et que la Bourse a des faiblesses, ils nous disent qu'il est trop tard. Pour les patrons comme pour les politiciens et les économistes à leur service, ce n'est jamais le moment de revendiquer.

Mais pour les travailleurs, il est urgent de mettre un coup d'arrêt à la dégradation de leurs conditions de vie et de travail. Peu nous importe que les états-majors de la droite et de la gauche gouvernementale soient déjà en campagne électorale. Car nous savons bien que pour faire prendre en compte nos revendications, nous ne devons compter que sur nous-mêmes.

La classe ouvrière elle aussi doit préparer sa rentrée, sa rentrée sur le terrain des luttes sociales, pour imposer par ses moyens propres, par des grèves, par des manifestations de rue, ses revendications, et en particulier l'interdiction des licenciements sous peine de réquisition dans toutes les entreprises qui font des profits et qui ont le culot de supprimer malgré cela des centaines ou des milliers d'emplois.

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