Quand les verts s’entrechoquent07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Quand les verts s’entrechoquent

Il n'a pas fallu bien longtemps pour que Noël Mamère prenne ses distances à l'égard d'Alain Lipietz, son rival chanceux dans la compétition pour la candidature des Verts à l'élection présidentielle. Il a pris prétexte pour cela des déclarations de Lipietz sur l'amnistie des crimes de sang en Corse. Mais il y a fort à parier que si ce n'avait pas été cette question, c'en aurait été une autre, tant il était prévisible que Mamère n'accepterait pas de se voir évincer dans ses projets de carrière...

Difficile d'ignorer le heurt des ambitions qui secoue à intervalles répétés les Verts. Les commentateurs s'en gaussent. Mais sur ce plan, les Verts ne se distinguent guère du petit monde politicien auquel ils aspiraient à appartenir. Avec une réussite incontestable et des dispositions d'esprit qui ne le sont pas moins.

De tels affrontements sont la règle, et non l'exception, dans ce monde-là. Sans s'attarder sur les gesticulations de tous les crabes qui s'agitent dans le panier de la droite, que ce soit au sein du RPR ou de l'UDF, ou entre les deux, il en est de même, par exemple, au sein du PS. La presse ne vient-elle pas de rappeler que Mitterrand n'avait pas hésité à savonner la planche de son « camarade » de parti Michel Rocard, en finançant une liste rivale menée par Bernard Tapie aux élections européennes de 1994. Plus près de nous, ce n'est pas un secret que Fabius, Jospin, Guigou, Aubry et quelques autres calculent leurs gestes, leurs discours, leur positionnement politique en fonction de leur plan de carrière, et non en fonction d'un choix d'idées. Tout comme leur maître en la matière, Mitterrand, a su le faire en son temps...

Le comportement des dirigeants Verts ne détonne donc pas. Et celui de Mamère, pas plus que d'autres. Son itinéraire politique en est une illustration. Il sut prendre, dans un premier temps, le sillage de Brice Lalonde, ce même Lalonde qui fut secrétaire d'Etat dans un gouvernement dirigé par Rocard en 1988 pour finir aujourd'hui aux basques de Madelin. Mamère rallia les Verts au lendemain des élections législatives de 1997, au moment même où ceux-ci se voyaient proposer un fauteuil ministériel par Jospin, en la personne de Dominique Voynet qui, après avoir, en 1995, choisi de ne pas choisir entre la gauche et la droite, avait saisi l'opportunité offerte par Jospin.

Mamère a tenu, en rompant avec fracas avec Lipietz, à faire entendre qu'il n'était pas marié avec les Verts, pas plus qu'il ne l'était avec la gauche. Une attitude qui ne le distingue d'ailleurs pas des autres dirigeants Verts. Sauf qu'à la différence de ses partenaires, il a su saisir une opportunité pour se démarquer de son camp, et dispose donc d'une longueur d'avance et d'une liberté de choix plus large qui lui laissent ouvertes toutes les opportunités. Y compris celle qui permettrait de marchander avec la droite, si celle-ci l'emportait en 2002. Une telle attitude n'est pas contre nature. Le passé des Verts et de leurs dirigeants en témoigne. Dans cette histoire à épisodes, celui qui vient de se dérouler n'est pas le dernier. Mais ses rebondissements ne sont que trop prévisibles.

Partager