Lundi 3 décembre chez Tokheim, l'un des principaux fabricants de pompes à essence ainsi qu'une des sociétés assurant la maintenance des stations-service, à l'occasion du Comité Central d'Entreprise, les usines de Falaise (Calvados) et de Grentheville (dans la banlieue de Caen) étaient appelées par les syndicats CGT, CFDT et FO à débrayer pour une augmentation de salaire de 50 euros.

A Grentheville, environ 150 salariés sur 250 arrêtaient le travail, et 38 sur 50 à Falaise. Tout le monde était content de se voir si nombreux.

Les salaires, pour la plupart moins de 8 000 F net pour les ouvriers, sont plus qu'insuffisants. Pourtant il y a du boulot, spécialement ces derniers mois : le passage à l'euro est l'occasion pour les pompistes de renouveler leurs pompes. Les nouvelles normes européennes imposent aux stations qui ont un fort débit de s'équiper de pistolets munis de récupérateurs de vapeur. Le nombre de pistolets fabriqués n'a jamais été aussi important. Les carnets de commandes sont pleins...

La société affiche des profits records. Alors pour beaucoup d'entre nous c'était vraiment le moment de faire grève pour les salaires, ras le bol que seuls les actionnaires profitent !

La proposition de la direction, un acompte de 2 200 F brut à récupérer sur les augmentations salariales de 2002, était bien insuffisante.

Lors du débrayage, une grande majorité de l'assemblée générale des salariés de Grentheville avait voté la grève pour le jeudi suivant 6 décembre. Ce matin-là nous avons bloqué les grilles d'entrée de l'usine de Grentheville et nous nous sommes rassemblés à plus de 120. Il ne fallut que quelques heures pour que la direction fasse des propositions : un minimum de 250 F brut d'augmentation de salaire, une prime de 2 500 F net en décembre et de 500 F en janvier, et le paiement des heures de grève. Pas de quoi nous satisfaire totalement... mais suffisamment pour changer l'ambiance au boulot et regonfler tout le monde !