Après les inondations du sud-est13/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1780.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après les inondations du sud-est

Une fois de plus, le sud de la vallée du Rhône a connu des inondations catastrophiques, dont le bilan humain et matériel, qui n'est pas encore définitif, est déjà très lourd.

Comme à chaque fois, on invoque à la fois les circonstances exceptionnelles, une pluviométrie sans précédent, la configuration géographique qui donnent lieu à ce phénomène, que les spécialistes appellent " l'épisode cévenol ". Celui-ci touche pratiquement chaque année, en septembre et en octobre, les Cévennes et les régions proches, notamment les départements du Gard, de l'Hérault et du Vaucluse. Mais on invoque aussi l'irresponsabilité des uns, l'appât du gain des autres qui se traduisent par l'extension des zones construites sur des terrains inondables. On met en cause, comme dans d'autres régions, un boom immobilier qui n'est sans doute pas étranger à l'ampleur de plus en plus grande de tels désastres.

L'ensemble de ces facteurs a joué, et malheureusement risque de jouer à nouveau, avec un bilan encore aggravé. Mais si les phénomènes météorologiques et la configuration du sol ne sont pas maîtrisables, d'autres éléments, humains ceux-là, pourraient être maîtrisés mais ne le sont pas.

Raffarin et Sarkozy ne pouvaient pas faire autrement que de survoler les régions inondées pour l'un, de se montrer à la préfecture de Nîmes pour l'autre, et de faire part de leur émotion.

Certes, ce gouvernement, pas plus qu'un autre, n'est responsable de ce qui s'est passé. Mais ces événements et leurs suites mettent le doigt sur un autre aspect de l'incurie des gouvernements successifs de l'administration et des élus locaux. Pas forcément dans le domaine de la prévention - encore qu'une gestion moins sensible aux lois du marché permettrait sans doute que les phénomènes naturels ne tournent pas à chaque fois à des catastrophes. La politique des gouvernements, et celui de Raffarin n'y déroge pas, est en cause dans la mesure où elle réduit les budgets de la Fonction publique. Récemment, sur une radio, le numéro 2 du Medef, Denis Kessler, qui n'est pas officiellement ministre mais qui parle comme un ministre et qui dicte son langage au gouvernement, invoquait les effectifs, selon lui pléthoriques, de la météorologie nationale pour illustrer son raisonnement sur le nombre excessif de fonctionnaires. Tous ces gens ont bonne mine aujourd'hui !

Dans quelques jours, ce sont les agents des DDE (Directions départementales de l'Equipement) que l'on nous montrera en action sur les routes pour remettre en état le réseau dévasté. On peut parier qu'on entendra alors un ministre ou un préfet quelconque prononcer un vibrant éloge du dévouement de ces fonctionnaires exemplaires qui ne ménagent ni leur peine ni leur temps. Comme on l'avait entendu, au lendemain des tempêtes de 1999, à l'égard des agents de l'EDF. Et puis, une fois l'émotion retombée, on continuera à réduire les effectifs des DDE, et des collectivités locales, comme on le fait depuis des années, et comme il est prévu de continuer à le faire.

Réduire les impôts pour les riches, subventionner les capitalistes, cela signifie aussi la réduction incessante des services publics les plus nécessaires. Les habitants des régions cévenoles risquent d'avoir à le vérifier, dans peu de temps.

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