Une preuve, s'il en fallait encore, que l'inquiétude des agents de l'Éducation nationale face à la perspective prochaine de leur « décentralisation » est fondée, c'est l'attitude des présidents des conseils régionaux, de gauche et de droite, qui auront à gérer la situation. Pour résumer d'un mot, nombre d'entre eux expliquent qu'ils n'ont rien demandé, et surtout pas ce cadeau, disons plutôt cette charge supplémentaire.

« 110.000 personnes auxquelles l'État a annoncé par lettre sèche qu'elles allaient changer d'employeur vont nous être transférées sans que nous ayons été consultés » a déclaré Alain Le Vern, président socialiste du conseil régional de Haute-Normandie. Même son de cloche du côté de la droite. Josselin de Rohan, de l'UMP, qui lui préside le conseil régional de Bretagne s'interroge: « La Bretagne (il veut dire le conseil régional) compte aujourd'hui 320 agents. Avec ceux venant de l'Education nationale, elle en aura plus de 2000 à gérer... c'est une source de coûts supplémentaires importante ». Qui va payer? s'interrogent ces notables, qui n'ont guère confiance, et ils n'ont pas tort, dans les promesses gouvernementales.

Mais qui va écoper de plein fouet des conséquences de cette mesure ? Ce sont les salariés, qui ont toutes les raisons de réagir contre un projet qui vise leur statut, leurs conditions de travail, et qui se traduira par une détérioration du service rendu à la population dans le cadre, en l'occurrence, de l'accueil des élèves dans les établissements scolaires de l'enseignement public.

Raffarin prétend rapprocher les citoyens et les institutions. Et si les salariés de l'Éducation nationale, et d'autres concernés par les mêmes mesures, allaient parler à deux doigts des moustaches de ces ministres? Ces derniers pourraient faire l'expérience de ce qu'est la « proximité » grandeur nature.