Dans les buts de guerre proclamés des dirigeants anglo-américains, il y avait la destruction des armes de destruction massive que l'Irak aurait possédées. Les troupes de la «coalition» sont aujourd'hui maîtresses de tout le pays, et elles n'ont pas été capables d'en retrouver une seule. Il y avait aussi le renversement de Saddam Hussein, et la mise en place d'institutions démocratiques. Le dictateur de Bagdad a été effectivement chassé du pouvoir, mais le régime qui va lui succéder dans les semaines et les mois qui viennent risque fort de ne pas être plus soucieux de la démocratie que celui qui vient de s'écrouler.
Les premières mesures prises par les autorités américaines sont à cet égard significatives. C'est une administration directe par un général américain, Jay Gardner, un réactionnaire de la plus belle eau comme il se doit, qui va d'abord être mise en place, pour une durée indéterminée. Et pour prendre éventuellement la relève, le gouvernement américain a sorti de son chapeau un politique « irakien », Ahmed Chalabi, dont la biographie est tout un programme: un homme qui a quitté l'Irak il y a près de quarante-cinq ans, un nostalgique du régime monarchique qui fut alors renversé, en 1958 (et qui n'avait rien de démocratique), un banquier véreux, condamné pour malversations en Jordanie.