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- Lutte ouvrière n°1815
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Leur société
Solidarité ouvrière
Et pourtant, ils ne sont pas concernés! C'est par cette remarque que nombre de commentateurs font mine d'être surpris que des travailleurs comme les cheminots soient dans le mouvement de protestation contre la réforme du système des retraites initiée par le gouvernement Chirac-Raffarin. Puisque leurs régimes spéciaux sont maintenus, pourquoi font-ils grève, s'étonnent-ils? Eh bien tout simplement parce que les cheminots, entre autres, n'ont strictement aucune confiance dans l'actuel gouvernement ni dans ceux qui lui succéderont. Couper la queue du chat par petits bouts pour faire croire que l'opération s'avérera moins douloureuse au final, qui pourrait tomber dans un tel panneau?
Si jusqu'à présent le gouvernement s'est bien gardé de toucher aux régimes des retraites des cheminots, c'est pour mieux diviser les travailleurs en espérant que les contestations qu'il n'allait pas manquer de susciter ne seraient pas portées en même temps par tous les salariés. Cette façon d'agir n'est pas nouvelle. Lorsqu'en 1993 Balladur imposa les quarante annuités, il ne le fit que dans le privé, laissant le soin à Juppé, son successeur, d'étendre la mesure dans le secteur public. Mal lui en prit d'ailleurs, puisque sa tentative déclencha une grève quasi générale dans la fonction publique, qui l'obligea à remballer son projet.
Alors pourquoi les cheminots seraient-ils aujourd'hui dupes de la manoeuvre? En marquant par leur mobilisation les grèves et les manifestations de ce 13 mai, ils ont montré au contraire de la lucidité quant aux projets des Raffarin et autres Fillon, et quant à la défiance qu'il faut leur opposer.
Le gouvernement en appelle sans cesse à la nécessaire solidarité nationale... dans les sacrifices. Les cheminots répondent par la solidarité ouvrière... dans la lutte, seul moyen de faire reculer le gouvernement et de garantir l'avenir de tous.