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Inflation de débats sur l'école, mais pas plus de crédits!
Une commission, mise en place par le gouvernement pour préparer le "grand" débat national sur l'école, a fini son "immense" travail, à savoir la rédaction de questions à soumettre aux enseignants."Débattre" sur l'école devient donc très à la mode.
Mais après le mouvement de mai-juin dernier, durant lequel les enseignants ont fait savoir ce qu'ils souhaitaient pour l'école, ce n'est qu'une façon d'éluder la seule vraie question, celle des moyens matériels et humains nécessaires pour résoudre des problèmes soulevés depuis bien longtemps.
La commission gouvernementale a "beaucoup" travaillé et a réussi l'exploit de trouver vingt-trois grandes questions à poser aux enseignants de 13000 établissements scolaires.
"Comment rendre l'école réellement plus juste?", "Comment motiver et faire travailler efficacement les élèves?" ou "Comment prendre en charge les élèves en grande difficulté?", trouve-t-on dans le questionnaire. Facile! Que l'on embauche, afin de diminuer les effectifs dans toutes les classes et de pouvoir travailler en petits groupes.
Au lieu de cela, et sans attendre les conclusions du "débat", Raffarin annonce sa volonté de ne pas remplacer des milliers de départs à la retraite, notamment à partir de 2006. Les décisions du gouvernement dans son budget 2004 se traduisent déjà par des suppressions massives de postes d'enseignants, dans le second degré en particulier, et de surveillants, indispensables dans un établissement scolaire pour encadrer les élèves.
"Comment former, recruter, évaluer les enseignants?" Cela fait des années que tous les gouvernements recrutent des contractuels ou des vacataires, qui sont là pour "boucher les trous" et peuvent être remerciés du jour au lendemain, sans égard ni pour leurs conditions d'existence, ni pour la continuité de l'enseignement. Il faudrait au contraire la titularisation sans conditions de tous les précaires.
"Comment, en matière d'éducation, définir et répartir les rôles et les responsabilités respectifs de l'État et des collectivités territoriales?" Là encore, les enseignants ont répondu en manifestant pendant des semaines contre la décentralisation qui, telle qu'elle était conçue, ne pouvait qu'aggraver encore les inégalités entre les collectivités territoriales "riches" et les autres.
Ce débat ne peut apparaître à tous, parents comme enseignants, que pour ce qu'il est: une supercherie.
Certains problèmes soulevés dans le document "officiel" émanant du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, document qui a servi de base au questionnaire de Raffarin, sont réels. Il pointe l'inégalité toujours plus grande dans l'éducation. Il souligne que 10 à 15% des élèves ne savent pas lire correctement, qu'il y a bien trop de jeunes qui sortent de l'école sans aucune qualification (60000 par an).
Chacun des ministres de l'Education nationale, de gauche ou de droite, Allègre, Lang ou Ferry, a évoqué un certain nombre de ces questions, tout en refusant d'augmenter les moyens en personnel pour l'école, prétextant que cette augmentation des moyens ne résoudrait pas tout.
Certes! Mais cela en résoudrait tout de même beaucoup. Il est vrai aussi qu'un grand nombre de problèmes auxquels sont confrontés les enseignants dépassent le cadre de l'Éducation nationale. Les jeunes de milieu populaire sont marqués par ce qu'ils vivent, le chômage qui touche leur famille ou la violence dans les cités. L'école ne peut pas faire face à tout ce qui découle de l'augmentation de la misère matérielle et morale. Mais elle pourrait tout de même aider, par l'éducation et la culture, à ouvrir d'autres horizons aux jeunes issus des classes populaires, et ce serait bien justement son rôle.
Ces pseudo-débats ne leur serviront qu'à gagner du temps, à amuser la galerie et à éviter de proposer quoi que ce soit de concret.