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Leur société
Immigration : Les patrons veulent des immigrés, quand ça les arrange
Au moment où Sarkozy veut «doubler les reconduites à la frontière», comme il l'a indiqué dans une circulaire envoyée aux préfets le 22 octobre, le Conseil économique et social vient de donner ses conclusions en matière d'immigration du travail.
«La France, comme tous les pays de l'Union européenne, (...) devrait avoir besoin d'immigration», explique le rapport. D'ici 2020 il sera nécessaire, pour l'économie française, de recourir à une main-d'oeuvre immigrée, dont les niveaux de qualification peuvent être divers, et ce, dans de nombreux secteurs: nouvelles technologies, services, secteur sanitaire et social, tourisme. Le rapport considère donc qu'il faudrait entrouvrir les frontières et il recommande que le nombre de migrants soit de 10000 par an jusqu'en 2020.
Ce n'est pas la première étude, dans une période récente, qui va dans ce sens. À la fin de 1999, l'Organisation de coopération et de développement économique avait estimé que, pour faire face au vieillissement de la population et à la pénurie dans certains secteurs, la France devrait, dans les dix ans à venir, faire appel à «l'immigration de travail». En novembre 2002, le Commissariat général au Plan avait tiré les mêmes conclusions. Et cette orientation n'est pas réservée à la France, elle est aussi celle d'autres pays développés, l'Allemagne, l'Italie et quelques autres.
Le rapport du Conseil économique et social souligne que «le recours à une immigration maîtrisée et organisée peut contribuer, dans les années à venir, à la croissance économique, au développement de l'emploi, au financement des retraites et de la protection sociale.» C'est ainsi qu'il propose de régulariser des travailleurs en situation irrégulière selon des «formules souples», puisqu'«une partie de l'illégalité est engendrée par la réglementation».
En fait, le patronat dans son ensemble est favorable à l'immigration, quand elle correspond à ses besoins. C'est le cas aujourd'hui. Mais cela a été le cas à de nombreuses reprises, par le passé, quand il s'est agi de trouver des mineurs, polonais, italiens ou autres, pour travailler dans les galeries des mines de charbon du Nord, ou de fer dans l'Est; puis des Marocains qu'on est allé chercher pour assurer la relève et qu'on a retrouvés, avec d'autres travailleurs, originaires des pays du Maghreb, sur les chaînes des usines automobiles.
«L'invasion» que Le Pen et des gens de son acabit comme Sarkozy agitent comme un épouvantail, n'est donc pour eux qu'un moyen d'engranger des suffrages. Rien de plus!