n°1839 du 31/10/2003

L’éditorial

L’armée américaine en Irak : Un enlisement prévisible

Un hélicoptère américain abattu vendredi 24 octobre près de Tikrit; une bordée de roquettes tirée dimanche, à Bagdad, contre l'hôtel où était logé le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz; une vague de cinq attentats, lundi, faisant 42 victimes parmi la population irakienne et visant notamment le siège de la Croix-Rouge à Bagdad; un autre attentat à la voiture piégée faisant sept morts, mardi, et un GI américain tué dans une attaque aux roquettes, portant à 114 le nombre de soldats américains tués depuis le 1er mai dernier: l'armée des États-Unis n'en a décidément pas fini avec une guerre dont Bush avait déclaré il y a six mois qu'elle était pratiquement terminée.

Les choses ne vont pas mieux quant au moral des troupes américaines. D'après la presse, 478 soldats auraient été rapatriés d'Irak pour des problèmes de «santé mentale». Au moins treize se seraient suicidés. Vingt-huit permissionnaires auraient refusé de repartir en Irak. Les GI découvrent la réalité de la guerre dans laquelle leur gouvernement les a engagés. On leur avait dit qu'ils partaient délivrer le peuple irakien d'une horrible dictature et qu'ils seraient donc accueillis en libérateurs par la grande majorité de la population. Et au fil des jours ils ont découvert que la grande majorité de la population irakienne, et pas seulement les partisans de Saddam Hussein, ne souhaitait qu'une chose, qu'ils repartent le plus vite possible. D'autant qu'après les destructions dues à la guerre et aux bombardements américains, le peuple irakien se retrouve dans une situation bien pire, dans sa vie de tous les jours, que celle qu'il connaissait sous Saddam Hussein, et qu'en fait de «reconstruction» du pays, dont parlent tant les dirigeants américains, rien ne se fait pour remettre en route l'économie.

n°1839

31/10/2003