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Référendum aux Antilles : L’illusion du changement
Le 7 décembre, les populations des Antilles et de Guyane sont appelées à voter pour un référendum présenté par la ministre de l'Outre-mer comme une «consultation populaire sur le changement institutionnel».
En fait, ce changement s'inscrit dans le cadre de la décentralisation voulue par le gouvernement français et inscrite dans la nouvelle Constitution. Par ce biais, il entend satisfaire à peu de frais une vieille revendication des élus des DOM, à savoir supprimer la coexistence de deux assemblées (régionale et départementale) sur un même territoire.
Même si cela peut sembler plus rationnel, cela n'a rien d'un changement fondamental; les décisions concernant les peuples des Antilles et de Guyane continueront à être prises en France, à 7000 kilomètres de là. Il n'empêche que le gouvernement français a volontairement laissé gonfler cette affaire de changement institutionnel sur lequel les politiciens locaux se sont focalisés, les représentants de la droite la plus réactionnaire s'opposant à tout changement de statut, tandis que d'autres voulaient persuader la population qu'elle allait faire un pas vers plus d'autonomie. Or si changement il y a, il ne se fera qu'autour de lois et dans des cadres déjà fixés par le gouvernement.
Quant au référendum qui est aujourd'hui proposé, il ne demande à la population que de dire si elle est d'accord ou non avec les réaménagements limités concoctés par les élus desdits Départements français d'Amérique (DFA). Si la réponse est positive comme le souhaitent ces politiciens, ceux de la gauche classique et certains indépendantistes marchant main dans la main avec les représentants locaux de l'UMP, comme Lucette Michaux-Chevry, la Martinique et la Guadeloupe n'auront plus leur statut actuel (où elles sont tout à la fois Département et Région), mais celui de Collectivité territoriale nouvelle régie par une assemblée unique. Mais elles n'auront pas plus de pouvoir de décision, puisque les lois votées à Paris y seront applicables sans modification.
Bien sûr, les électeurs n'ont pas à s'aligner sur les tenants de la politique la plus réactionnaire en votant «non» au référendum. Mais ils n'ont pas plus intérêt à apporter une caution populaire aux élus et notables partisans du «oui», car ce serait leur donner un chèque en blanc pour tous les mauvais coups qu'ils préparent contre les travailleurs, au nom de l'intérêt de l'économie antillaise, et n'ont donc pas d'autre choix que de s'abstenir.