Grandes manoeuvres autour de l'assurance maladie12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grandes manoeuvres autour de l'assurance maladie

Le gouvernement poursuit inexorablement son projet dit de "réforme" de l'assurance maladie, en fait une nouvelle attaque de grande ampleur contre la population laborieuse. Il vient d'en lancer, lundi 9 février, la phase numéro 2, dite "de concertation". Cela fait suite à la phase numéro1 dite "de diagnostic".

Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie, nommé en octobre dernier par Raffarin, a rendu son rapport et on nous dit que celui-ci est "consensuel". Comme pour les retraites, experts, partenaires sociaux, gouvernants et journalistes répètent à l'envi que, si on ne fait rien, le système court à sa perte, car le déficit de l'assurance maladie serait "abyssal".

Ce qui est abyssal, c'est le mensonge sur lequel repose le consensus. Car enfin les 10 milliards d'euros de déficit de l'assurance maladie en 2003, sur un budget de 126 milliards d'euros, représentent moins de 10% du budget de l'assurance maladie et 3% du budget global de la Sécurité sociale. Le budget de l'État, tel qu'il a été délibérément présenté et voté à l'automne, présente un déficit cinq fois plus important, de 55 milliards d'euros, ce qui représente près de 20% du budget total!

Alors ce déficit encore plus "abyssal" du budget de l'État, comment le gouvernement compte-t-il y remédier? Il n'y compte pas. Il a même expliqué à Bruxelles que ce n'était pas si grave. Pire même, il s'apprête à en creuser un encore plus grand l'an prochain!

Mais du "trou" du budget de l'État, on n'entend plus parler. Raffarin n'a pas désigné quelque "Haute Autorité" ni une kyrielle de groupes de travail pour étudier comment cesser de gaspiller l'argent des impôts et envisager "des pistes" pour les utiliser plus efficacement au service réel de la population. Et pourtant il y en aurait des choses à dire sur l'argent public qui coule à flot pour augmenter les profits et les revenus des plus riches. Ne serait-ce justement que les exonérations de charges sociales pour le patronat, exonérations qui se montent à 20 milliards d'euros, le double du déficit de l'assurance maladie! Si on cessait ces cadeaux scandaleux au patronat, si les patrons payaient leur dû à la Sécurité sociale, si l'État lui-même payait ce qu'il doit, non seulement il n'y aurait aucun déficit mais on pourrait embaucher le personnel qui manque dans les hôpitaux publics!

Toute une campagne se met en place pour nous faire croire que les mesures qu'on nous prépare sont indispensables alors qu'il s'agit encore une fois de faire accepter aux salariés, aux retraités, aux chômeurs, de payer plus, toujours plus pour des soins qui seront de plus en plus inaccessibles.

Le gouvernement va poursuivre, jusqu'après les élections de mars prochain, la comédie des groupes de travail qui planchent sur des solutions, de façon à ne rien annoncer qui fâche avant le scrutin. Ce n'est qu'en avril qu'il dévoilera son projet. Mais d'ores et déjà, on sait que la population devra payer plus cher. Et c'est inacceptable. Non seulement l'État ne contribue qu'à hauteur de 1,3% du budget de la santé; non seulement les cotisations patronales n'ont augmenté que de 30% depuis 1967 alors que la contribution des salariés a augmenté, elle, de 79%; mais ce sont encore les travailleurs qui devraient accepter des sacrifices supplémentaires pour que tous ceux qui s'enrichissent sur le dos de l'assurance maladie puissent continuer à le faire, à commencer par l'industrie pharmaceutique ou les cliniques privées.

Alors trop, c'est trop! À bas les prétendues réformes du gouvernement Chirac-Raffarin!

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