Le 9 février, le ministre de la Santé a lancé le coup d'envoi de ce qui est présenté comme une "réforme" de la Sécurité sociale. Mais après la "réforme" du régime des retraites, qui a abouti à allonger la durée de cotisations nécessaire pour percevoir une retraite plus faible, et la "réforme" des allocations de chômage, qui s'est traduite globalement par une diminution du montant des allocations et de la durée pendant laquelle elles sont versées, il est évident que sous prétexte de "sauver" la Sécurité sociale, le gouvernement se prépare à réduire encore les prestations versées aux assurés. D'ailleurs, avant même que cette prétendue réforme soit mise en route, l'annonce du déremboursement de plusieurs centaines de médicaments a bien montré dans quel sens s'orientent Chirac, Raffarin et Mattei: se donner les moyens de puiser encore plus largement dans les caisses de la Sécurité sociale pour faire des cadeaux au patronat, sous forme d'exonérations de charges sociales, et offrir en même temps aux assurances privées le moyen de faire du profit en plaçant des assurances complémentaires. Et tant pis pour la fraction la plus pauvre de la population, celle qui aujourd'hui, bien souvent, n'a même pas de quoi cotiser à une mutuelle, et qui verra demain ses possibilités d'accès aux soins encore plus amputées.
L'approche des élections régionales de mars, puis européennes de juin, ne freine même pas le rythme des attaques contre la classe ouvrière, parce que Chirac et ses ministres savent bien qu'ils ne pourront pas compter sur le soutien des classes populaires, et s'emploient au contraire à plaire à l'électorat traditionnel de la droite, réactionnaire et antiouvrier. Et c'est vrai que ces élections seront une occasion, pour les travailleurs, d'exprimer leur rejet de cette politique directement dirigée contre eux.