Un gâteau de 1,5 milliard pour les restaurateurs19/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un gâteau de 1,5 milliard pour les restaurateurs

Le 10 février dernier, Raffarin a annoncé une nouvelle baisse des charges pour les patrons. Cette fois, il s'agit de ceux de la restauration, qui bénéficieront de nouveaux allègements pour un total de 1,5 milliard d'euros sur dix-huit mois.

La veille, Chirac était revenu la gamelle vide de Berlin où il était allé plaider une baisse de la TVA de 19,6 à 5,5% pour les restaurateurs, baisse qui figurait au menu de ses promesses de la campagne présidentielle. Or, les règles européennes en matière de fiscalité exigent l'unanimité et Schröder n'était pas d'accord pour faire de même.

Mais les services de Raffarin avaient déjà mis au point une recette permettant au gouvernement de faire un geste en direction d'une corporation qui lui sert de relais dans l'opinion et qui faisait mine d'être tentée par des «représailles électorales»si la promesse de Chirac n'était pas tenue. Le gouvernement ne pouvait pas diminuer la TVA à cause de ses partenaires européens: il allait donc prendre sur son compte -ou plutôt sur le compte du contribuable- une partie... des charges des restaurateurs. Et pas qu'un peu: pour un salaire mensuel moyen de 1 700 euros dans la branche, cela devrait représenter 400 euros. Comme quoi, quand il s'agit de rallonger la sauce pour sa clientèle électorale, la droite sait bien comment contourner les «obstacles» européens.

En cette période électorale, le gouvernement a clairement décidé de servir la soupe à son électorat et à lui seul. L'été dernier, le même gouvernement refusait absolument de reconduire le régime des intermittents du spectacle qui, selon les chiffres officiels, était en déficit de 800 millions de francs (en réalité beaucoup moins). A l'automne, le gouvernement disait ne pas avoir dans son budget le 1,2 milliard d'euros nécessaire pour assurer des conditions de vie décentes aux personnes âgées dépendantes, et Raffarin annonçait son intention de transformer un jour férié en jour travaillé pour dégager les ressources nécessaires. L'argent qu'il ne trouvait pas hier pour les intermittents ou pour les vieux, il le trouve aujourd'hui pour engraisser les propriétaires de cafés, restaurants et hôtels et, comme à chaque fois dans ce type de situation, plus les riches que le bistrot du coin.

Quand Raffarin explique, pour se justifier, que cette mesure permettra de créer des emplois, il ne croit pas lui-même à ce qu'il dit. Cet argent servira surtout à augmenter les marges des restaurateurs: la baisse de la TVA qu'ils continuent de réclamer et que Raffarin leur a promise pour plus tard représente le triple de ce qu'ils viennent d'obtenir.

Avec Raffarin et Chirac aux fourneaux, la France des repas d'affaires et des étoiles du Michelin peut passer tranquillement à table.

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