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Côte-d’Ivoire : La responsabilité de Gbagbo reconnue dans les massacres
Le rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur les événements des 25 et 26 mars dernier à Abidjan, en Côte-d'Ivoire, est venu confirmer ce que beaucoup savaient déjà: les tueries contre l'opposition, qui ont fait durant ces deux jours «au moins 120 morts, 20 disparus et 274 blessés», ont été perpétrées «sous la direction et la responsabilité des plus hautes autorités de l'État».
Le régime du président Gbagbo est non seulement accusé d'avoir fait massacrer des civils innocents mais également d'avoir choisi ses victimes «simplement à cause de leur nom, de leur origine ou de leur communauté». En clair, les forces de sécurité et les milices agissant à leurs côtés, principalement les «Jeunes patriotes» de Charles Blé Goudé, s'en sont pris aux Dioulas, l'ethnie principale du Nord, dénoncés depuis des mois comme des «étrangers» et suspectés de sympathiser avec les militaires rebelles qui ont provoqué, depuis septembre 2002, la partition du pays.
En fait, c'est pratiquement tous les jours que les troupes gouvernementales et les nervis de Gbagbo se livrent à de telles exactions, même si elles n'atteignent pas une telle ampleur. Elles s'inscrivent dans un climat de haine, provoqué et entretenu par la démagogie ethniste et xénophobe du pouvoir. Une démagogie tournant autour de «l'ivoirité» vise à dresser la population ivoirienne contre les «non ivoiriens» et plus particulièrement contre les travailleurs originaires du Burkina-Faso. La guerre civile et la partition du pays qui en résulte n'ont fait qu'amplifier les choses, le pouvoir ajoutant à cette démagogie ethniste une dimension patriotique, accusant les populations burkinabé et plus largement toutes les personnes originaires du nord du pays d'être les complices des «agresseurs étrangers».
L'impérialisme français a une grande part de responsabilité dans ces événements. L'arriération et la misère qui sévissent dans le pays puisent leurs racines dans des décennies d'exploitation coloniale et se perpétuent du fait du pillage de ses ressources par une multitude de trusts français, au premier rang desquels figurent Bouygues et Bolloré. Le gouvernement français n'ignore pas le climat de haine et de violence entretenu par Gbagbo et ses alliés, mais pour l'instant, il a fait le choix de soutenir le «gouvernement légitime» ivoirien, y compris en lui envoyant plus de 4000 soldats pour contenir l'avance des forces rebelles. Du Congo à la Côte-d'Ivoire, les dirigeants français ne se soucient guère que les populations africaines soient livrées en pâture à des dictateurs sanglants, tant que les affaires continuent et que les trusts français y trouvent leur compte...