Pour les cérémonies officielles marquant l'entrée de dix nouveaux États membres au sein de l'Union européenne, la télévision nous a montré l'installation devant les bâtiments officiels de dix mâts supplémentaires, destinés à autant de drapeaux nationaux: tout un symbole de la manière dont les politiciens de la bourgeoisie veulent «construire» l'Europe... en gardant soigneusement les États nationaux hérités du XIXe siècle, quand ce n'est pas du moyen-âge. En effet, en dépit de tous les discours de circonstance sur l'amitié entre les peuples, la seule chose qui intéresse vraiment les hommes politiques et les groupes capitalistes dont ils défendent les intérêts, c'est la création d'un marché plus vaste pour placer leurs marchandises et leurs capitaux.
Quand en 1957 naquit le Marché commun, son nom de baptême avait au moins le mérite de la franchise. Celui de l'Union européenne est au contraire tout à fait hypocrite. Car cette prétendue «union» n'a pas supprimé les rivalités entre les différentes bourgeoisies européennes, chacune accrochée à son État national. Elle ne constitue qu'une autre façon de les gérer.