- Accueil
- Lutte ouvrière n°1910
- Après le 10 mars : Continuer et amplifier la lutte
Editorial
Après le 10 mars : Continuer et amplifier la lutte
Jeudi 10 mars, l'ensemble des travailleurs, ceux du privé comme ceux du public, étaient appelés à manifester et à faire grève pour revendiquer des augmentations de salaire et pour protester contre l'aggravation du chômage. Mardi 8, c'était les lycéens qui manifestaient, et mercredi 9 les chercheurs, tant il est vrai que bien des catégories sociales subissent les effets dévastateurs de la politique du grand patronat et du gouvernement.
La seule classe sociale qui a toutes les raisons d'être comblée, et au-delà, est le grand patronat et les possédants. Ils l'ont manifesté à leur façon ces dernières semaines en annonçant les chiffres de progression phénoménaux de leurs profits. C'est pour que les entreprises encaissent un maximum de bénéfices et que leurs propriétaires et actionnaires s'accaparent toujours plus de richesses, que les salaires sont bloqués, que le rythme de travail augmente dans les entreprises, que l'on généralise la flexibilité. C'est pour cela que les entreprises réduisent la masse salariale par tous les moyens possibles et qu'elles poussent à sortir plus de production avec moins de travailleurs. C'est pour cela que le chômage s'aggrave. Il dépasse officiellement 10%, un travailleur sur dix.
Cela ne peut pas continuer. Il est inacceptable que les salaires stagnent alors que tout augmente: les loyers, le chauffage, les prix et les prélèvements de l'État et de la Sécurité sociale. Il est inacceptable que les emplois précaires mal payés progressent au détriment des emplois stables. Il est inacceptable que des millions de travailleurs ne trouvent pas d'emploi et s'enfoncent dans la spirale du chômage et de l'appauvrissement pendant qu'on fait crever au travail ceux qui ont un emploi. Il est inacceptable que les patrons soutenus par un gouvernement entièrement à leurs ordres se croient tout permis. Comme le patron du trust Peugeot-Citroën, une des plus grandes et des plus riches entreprises de ce pays, qui non seulement paye ses ouvriers avec des salaires à peine supérieurs au Smic, mais voudrait, sous prétexte de chômage technique, amputer de 150 ou 200 euros des salaires de 1200 euros! Les ouvriers de Citroën-Aulnay ont raison de faire grève pour le refuser!
Il y en a assez de l'arrogance patronale! Les patrons ont de l'argent, ce sont eux-mêmes qui s'en vantent. Il ne faut pas laisser le capital prospérer sans fin en vidant les poches des travailleurs. L'argent accumulé avec la sueur et la fatigue des travailleurs doit servir à assurer un emploi et un salaire correct à tous. Mais ils ne céderont pas de bon gré! Ils ne le feront que s'ils y sont contraints. Seule la force collective des travailleurs peut les faire reculer.
L'offensive du patronat et du gouvernement concerne tout le monde, ceux des travailleurs qui sont au travail comme ceux qui sont condamnés au chômage permanent ou au chômage partiel. Elle concerne ceux du public comme ceux du privé. C'est tous ensemble que nous avons, aussi, la force d'engager la contre-offensive.
Nous avons tous intérêt à imposer qu'il n'y ait plus de licenciements collectifs et qu'on garantisse un emploi pour tous. Nous avons tous intérêt à ce qu'il y ait une augmentation générale des salaires. La journée du 10 mars doit être un succès pour montrer notre détermination. Il faut que les manifestations soient nombreuses. Il faut que les appels à la grève soient massivement suivis.
Pour que le 10 mars ne reste pas sans lendemain, mais soit une étape, le point de départ de plus amples mobilisations, il faut que les centrales syndicales sentent que les travailleurs n'accepteront plus qu'elles tergiversent et temporisent. Car le patronat et le gouvernement doivent être persuadés qu'ils ne seront pas quittes avec une journée de protestation, mais qu'ils auront de plus en plus affaire à des travailleurs qui n'acceptent pas de crever la gueule ouverte pour permettre aux possédants de prospérer.
Il y va du sort des travailleurs, mais aussi de toute la société.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 mars 2005