Salaires et profits : Le grand écart09/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1910.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires et profits : Le grand écart

Depuis que les profits des entreprises du Cac 40, Total, BNP Paribas, la Société Générale, ou encore L'Oréal, Renault et Lafarge ont fait la Une de l'actualité, les déclarations se succèdent pour tenter d'expliquer les raisons d'un tel écart entre cette augmentation vertigineuse des profits -en dix ans, la somme des profits réalisés a été multipliée par près de 19- et la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs.

Le retard accumulé sur les salaires est si important que, dans certaines entreprises, les patrons lâchent préventivement du lest. Mais, plutôt que de s'engager à accorder des augmentations générales de salaire, ils se contentent prudemment d'accorder un surplus de revenu salarial sous forme de primes, sans garantie pour l'avenir, alors que les salaires de base, eux, ne bougent pas, parfois même baissent du fait de l'augmentation des cotisations (mutuelles, CSG, etc.).

Le salaire est souvent, et depuis bien longtemps, composé d'une partie variable, faite d'un grand nombre de primes: prime d'équipe, prime de nuit, primes liées à l'ancienneté, à la performance, aux contraintes des postes de travail. Leur montant peut varier. Elles peuvent même disparaître, sous bien des prétextes. De toute façon, cela relève de l'arbitraire patronal. Ainsi un salarié qui passe d'un travail en équipe à un travail en normale peut perdre 150 euros, et parfois plus, sur son salaire mensuel.

Devant le scandale de l'explosion des profits, les patrons peuvent choisir de faire mine de «partager», en accordant des gratifications «exceptionnelles» liées aux bons résultats de l'entreprise ou aux «résultats» des salariés.

Ainsi, BNP Paribas, dont les bénéfices atteignent les 4,7milliards d'euros, soit une augmentation de 24,1% pour 2005, n'a pas accordé d'augmentation générale de salaire. Les salariés recevront une prime de 25% du salaire, avec un plancher de 450 euros. Pour les plus bas salaires, cela reviendra donc à 37,5 euros de plus par mois. La Société Générale a fait de même. Elle n'a pas accordé d'augmentation générale des salaires, mais une prime de 23% du salaire mensuel, avec un plancher de 350 euros et un plafond de 1150 euros.

Ces primes ne représentent qu'une partie dérisoire des profits et, de plus, elles ne bénéficient pas à tous les salariés. Ainsi Renault a annoncé pour ses salariés une prime d'intéressement de 3200 euros pour cette année. Mais les intérimaires, qui représentent dans une usine comme celle de Flins environ un cinquième de l'effectif, et près d'un ouvrier sur trois en production, tout comme les salariés des entreprises sous-traitantes, eux, ne toucheront pas un centime «d'intéressement Renault».

Les revenus des salaires ne doivent pas dépendre du bon vouloir des patrons. La rémunération pour un travail, quel qu'il soit, n'est pas une «récompense», ni même une «aumône» que le patron daigne accorder. Ce sont les salariés qui produisent toutes les richesses qui permettent aux actionnaires de s'enrichir. Les profits records qu'affichent la plupart des grandes entreprises ne font que rendre plus scandaleux leur refus d'augmenter des salaires qui n'ont cessé de prendre du retard depuis des années.

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