Procès Seznec : Révision ou procès de la justice ?22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Seznec : Révision ou procès de la justice ?

La commission de révision des condamnations a décidé, le 11 avril, d'accepter d'ouvrir la voie à une éventuelle annulation de la condamnation pour meurtre prononcée en 1924 contre Guillaume Seznec. Celui-ci avait passé vingt ans au bagne avant d'être libéré.

Pourtant, dès le procès de 1924, des voix s'étaient élevées pour douter de sa culpabilité. On n'a pas retrouvé le corps de la supposée victime, Seznec a toujours nié et l'enquête de la police avait scandalisé par le parti-pris du commissaire Bonny en faveur de l'accusation. Bonny, le genre d'enquêteur porté sur la fabrication de preuves, avait tout fait pour «charger» Seznec. Ce personnage trouble fut d'ailleurs révoqué de la police en 1935, pour avoir été mêlé à de nombreux scandales, dont l'affaire Stavisky. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'ex-policier Bonny reprit du service à la Gestapo. En décembre 1944, il fut condamné à mort et fusillé. Mais la justice n'avait jamais remis en cause son enquête.

Il aura donc fallu attendre 2005 pour qu'elle accepte de rouvrir le dossier... après avoir rejeté treize demandes de révision présentées par la famille Seznec. Le ministre de la Justice Perben s'est félicité que «l'institution judiciaire donne une image ouverte d'elle-même». Il ne lui en faut pas beaucoup. Ouverte, une justice qui, après avoir envoyé un homme clamant son innocence au sinistre bagne de Cayenne, met près de 80 ans à reconnaître qu'elle a peut-être eu tort?

Cette justice se montre surtout obstinée... à considérer que la police a toujours raison, fût-elle représentée par un aussi triste sire que le policier Bonny.

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