De Villepin cause... les patrons licencient30/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1926.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De Villepin cause... les patrons licencient

Le Premier ministre continue à promettre que l'emploi pourrait se développer, à condition qu'on laisse «aux petits entrepreneurs [...] un peu de temps pour consolider l'emploi qu'ils créent». C'est, selon lui, l'objectif des «contrats nouvelle embauche», la mesure phare de la prétendue bataille contre le chômage.

«Ne parlons pas là de précarité», a objecté de Villepin à l'encontre de l'argument de ceux qui mettent en avant la suppression de presque toutes les garanties pour le salarié nouvellement embauché: pendant deux ans, celui-ci pourrait être mis à la porte sans qu'aucun motif soit nécessaire, s'agissant officiellement d'une période d'essai. Cela n'empêche pas de Villepin de vanter avec enthousiasme «un vrai contrat, une véritable rémunération et de vraies garanties».

Mais pendant que le Premier ministre, relayé par ses ministres Larcher et Borloo, développe sa campagne de publicité pour les mesures de précarisation que le gouvernement veut faire prochainement passer par ordonnance, les grandes entreprises continuent à supprimer des emplois, par dizaines, par centaines ou par milliers, selon leur taille. Après IBM qui a annoncé la suppression de 10000 à 13000 postes en Europe, dont près de 800 en France, c'est STMicroelectronics, le fabricant de semi-conducteurs, qui prévoit d'en supprimer 1000, répartis sur quatre usines dans le pays.

Alors que les profits explosent dans de nombreux secteurs, bien des groupes organisent des fermetures de sites dont les patrons estiment la rentabilité trop faible. C'est le cas pour le dernier vestige de l'empire Bata en Lorraine, pour HelloSA, ou pour le département informatique de Renault qui a été filialisé.

Ailleurs, le prétexte aux suppressions d'emplois est la mutation technologique: argument du groupe Kodak qui, après avoir déjà rayé 270 postes de son usine de Chalon-sur-Saône, en supprimerait encore 340. Toujours des emplois supprimés lorsque le groupe ABB ferme son unité de moteurs de Seine-et-Marne, ou chez Alcan-Péchiney, à la Samaritaine ou aux Galeries Lafayette qui ferment cinq de leurs magasins à l'enseigne des Nouvelles Galeries, laissant 300 employés sur le pavé. Quant au groupe Nestlé, il prévoit fin juin la fermeture d'une de ses trente-cinq usines dans le pays, son site de Saint-Menet, dans les quartiers est de Marseille, où sont fabriqués le Nescafé et le chocolat Crunch. Menacés de 427 suppressions d'emplois, les salariés de Nestlé Saint-Menet ont réagi par la grève et occupé l'usine.

Le cynisme de la politique menée par les dirigeants de ces groupes multinationaux, taillant ici, déplaçant là, totalement indifférents à la traduction de leurs choix dans la vie de dizaines de milliers de travailleurs et de leurs familles, a de quoi révolter.

Tous ces gens se sentent d'autant plus autorisés à ignorer les ravages qu'ils commettent que les réactions ne sont pas encore à la hauteur qui conviendrait. Mais gare au mécontentement qui s'accumule!

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