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Dans les entreprises
Hôpital psychiatrique Sainte-Anne (Paris) : Quand les retraités reprennent du service...
À l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, depuis quelques mois, des retraités reviennent travailler. En effet, dans la loi de réforme des retraites de 2003, un texte en donne la possibilité aux retraités de la fonction publique.
Ceux qui reviennent sont en majorité des infirmiers; il y a aussi une surveillante et une assistante sociale. Ils sont payés à la vacation, entre 10 et 12 euros de l'heure, et ils doivent être disponibles lorsque les services font appel à eux, quand le manque de personnel est le plus criant, ainsi que les jours fériés, le samedi, le dimanche, de jour, de nuit. Les retraités connaissent le travail et sont payés beaucoup moins cher qu'un infirmier en fin de carrière, c'est donc tout bénéfice pour la direction. D'ailleurs celle-ci demande aux cadres des services de dresser des listes où les futurs retraités peuvent s'inscrire pour revenir travailler.
Dans l'ensemble, ces retraités sont bien acceptés dans les services et la direction comme le personnel préfèrent des retraités qui connaissent la psychiatrie, plutôt que des intérimaires ou des médecins étrangers qui sont employés comme infirmiers. Si ces retraités reprennent aussi du service c'est que leur retraite n'est pas suffisante. Mais le recours aux retraités réduit d'autant l'embauche des jeunes.
Ces retraités, dans l'immédiat, se rajoutent aux emplois précaires de plus en plus nombreux à l'hôpital, embauchés en CDD, vacataires, médecins étrangers stagiaires. La direction, dont le budget fond d'année en année à cause de la politique d'économies des gouvernements successifs, choisit d'avoir recours en priorité à ces emplois plutôt que d'embaucher sur des postes de titulaires. Mais cette situation soulève un problème plus crucial à long terme pour le monde du travail. La réforme des retraites s'est traduite par le rallongement du nombre d' années de cotisations, pour toucher des pensions revues à la baisse, et dont un grand nombre sont insuffisantes pour vivre décemment.
Pour le gouvernement, décréter la possibilité pour les retraités de revenir à l'emploi, c'est vouloir faire accepter aux travailleurs l'idée qu'il faudrait travailler toute sa vie, et continuer de revoir à la baisse aussi bien les retraites futures que celles d'aujourd'hui. Une évolution à laquelle il faut mettre un coup d'arrêt.