"Place des menteurs, des voleurs et des assassins", c'est le texte qui figurait sur la plaque que les ex-dockers de Dunkerque victimes de l'amiante, soutenus par nombre de militants, ont posée dimanche 2 avril sur le bâtiment de la caisse de compensation des congés payés, gérée par le patronat.

Depuis des années en effet, les ex-dockers en cessation anticipée d'activité amiante touchent une allocation moindre que celle à laquelle ils ont droit, du fait de l'acharnement des patrons du port à ne pas appliquer la loi. Cette loi de 1998 stipule que l'allocation doit être calculée, en cas de travail discontinu, sur les 365 derniers jours de travail, et non pas sur la dernière année civile. Mais les patrons de l'Union maritime et commerciale n'ont transmis à la Caisse régionale d'assurance-maladie, qui verse l'allocation, que les chiffres de l'année 1992, et refusent d'en transmettre d'autres. Or il faut bien sûr plus d'un an pour accumuler 365 jours de travail effectif; la conséquence est de comptabiliser beaucoup moins de jours travaillés et donc de rémunération pour les dockers. Les patrons ne payent rien et, en plus, ils s'acharnent contre les travailleurs!

En mai dernier, plusieurs ex-dockers ont fait une grève de la faim pour obtenir l'application de la loi. Un accord a été signé. Mais les patrons ne le respectent pas. Ils prétendent même maintenant ne pas l'avoir accepté! Le ministre de la Santé a reconnu le 5 août 2005, devant les ex-dockers, que les patrons minoraient leur allocation, mais il n'a rien fait contre.

Le gouvernement ne défend donc que les lois qui sont en faveur des patrons! Le mois dernier, le sous-préfet de Dunkerque a même prétendu qu'il était impuissant contre les patrons. Il l'est beaucoup moins quand il s'agit d'envoyer les CRS contre les lycéens et les travailleurs...

Durant des dizaines d'années, les dockers du port de Dunkerque ont été particulièrement exposés à l'amiante sans aucune protection: 70% de l'amiante importé en France y était déchargé. Les malades sont très nombreux parmi les ex-dockers et cent-vingt d'entre eux sont morts d'un cancer causé par l'amiante.

Mais les patrons empoisonneurs n'en ont pas fini avec leurs victimes, qui exigent leurs droits.