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Dans le monde
Amérique latine : Bush, la CIA et la «démocratie»
Le gouvernement américain vient de décider la création d'un bureau spécialisé de la CIA chargé de s'occuper du Venezuela et de Cuba, deux pays dont le régime politique n'a pas l'heur de plaire au gouvernement américain.
En ce qui concerne Cuba, soumis à un embargo depuis des décennies, les raisons de cette décision sont claires: l'état de santé de Castro et de toute façon son âge posent le problème de sa succession, et Bush y voit une bonne occasion d'essayer de mettre fin à un régime que l'administration américaine déteste.
Pour le Venezuela, les choses sont plus complexes. Les USA restent un acheteur important du pétrole vénézuélien, et les relations commerciales entre les deux pays ne se sont pas dégradées. Mais justement, les ressources pétrolières du Venezuela, en ces temps où le prix du baril a atteint des sommets, permettent au président Chavez de prendre ses distances politiques avec les États-Unis, ce que ceux-ci voient d'autant plus d'un mauvais oeil qu'ils considèrent que c'est un très mauvais exemple pour l'Amérique latine.
Le Venezuela a posé sa candidature pour occuper un siège de membre temporaire au Conseil de sécurité de l'ONU. Du coup, les USA ont poussé le Guatemala à présenter la sienne pour y représenter l'Amérique latine... ce qui a amené Chavez à rechercher l'appui de la Russie, de la Chine et d'un autre pays très mal en cour à Washington: la Syrie.
Pour Bush, ni le Venezuela ni encore moins Cuba ne sont des démocraties telles qu'il les conçoit... c'est-à-dire soumises aux volontés de l'impérialisme américain. Mais la mission qu'il vient de confier à la CIA éclaire la manière dont les États-Unis conçoivent cette démocratie. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour ne pas remonter plus haut, la CIA a activement participé à l'organisation de putschs destinés à éliminer des régimes, la plupart issus d'élections régulières, qui déplaisaient à l'impérialisme américain -l'appui donné à Pinochet pour éliminer Allende au Chili n'étant que l'exemple le plus connu de cette politique. De la même manière, à l'époque où le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay connaissaient des dictatures qui firent des milliers de victimes, la CIA a activement collaboré avec ces régimes.
On conçoit que ni le Venezuela ni Cuba ne prennent l'intérêt que la CIA leur porte aujourd'hui officiellement pour un geste amical...