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- Lutte ouvrière n°2001
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Leur société
Ségolène Royal au Proche-Orient : Respectueuse de «l’ordre» international
Ségolène Royal est allée au Proche-Orient. Sa surdité réelle ou supposée aux propos d'un député du Hezbollah comparant les Israéliens aux nazis a occupé les médias. Ses adversaires ont vu dans son absence de réponse la preuve de son incompétence, bien prévisible, disent-ils, chez une «débutante» en politique étrangère. Il faut toute la mauvaise foi, teintée de misogynie implicite, de politiciens en campagne pour ne pas voir que Ségolène Royal a fait exactement ce que font tous les politiciens: une distribution de bonnes paroles tous azimuths, des discours creux et des petites phrases débitées là-bas pour gagner des voix ici.
Elle a serré toutes les mains: de l'extrême droite libanaise, Gemayel, aux nationalistes palestiniens, Abbas, en passant par le Premier ministre jordanien, le président du mouvement chiite libanais, pour finir par le chef du gouvernement israélien, Ehud Olmert, dont l'armée vient d'écraser la population libanaise sous les bombes et maintient celle de Palestine sous une oppression permanente.
Elle a prononcé des phrases aussi pleines de sens que «le progrès du monde a besoin d'un Liban réconcilié avec lui-même» en promettant que la France ferait «tout ce qu'elle peut» pour cela. Elle a dit aux Palestiniens qu'ils avaient droit à un État et à une aide internationale et aux Israéliens qu'ils avaient droit à la sécurité. Ce n'est guère différent des discours de Chirac.
Et c'est là qu'elle est passée à quelques précisions, dont une au moins a dû surprendre un certain nombre de sympathisants socialistes. Sans doute pas sa position sur l'Iran que, selon elle, il ne faut pas laisser accéder au nucléaire, même civil; mais à propos du mur que le gouvernement israélien construit en Cisjordanie, elle a déclaré: «Quand c'est nécessaire pour la sécurité, je crois qu'effectivement une construction est sans doute justifiée.(...) Encore faut-il que les choses se fassent dans une bonne entente et qu'en particulier le problème du tracé de ce mur puisse être résolu».
Cette recommandation faite aux Palestiniens de «s'entendre» avec leurs bourreaux pour déterminer la taille du ghetto dans lequel on les enfermera suffit à montrer ce que valent ses discours sur le droit des peuples. Mais ces propos-là n'ont choqué aucun de ses censeurs qui auraient très bien pu tenir les mêmes. Car en fait, comme la droite de ce pays, comme les dirigeants des grandes puissances, Ségolène Royal légitime le droit des dirigeants israéliens à imposer leur ordre dans la région.